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La légende de saint Victor et l’abbaye Saint-Victor |
Dernière mise à jour le 30/11/2023 Plan du site Menu en haut d’écran Aide |
Saint Victor de Marseille et le légionnaire romain |
La légende d’un légionnaire romain devenu évêque de MarseilleLa conversion de l’Empire romain à la foi chrétienne ne s’est pas faite en un jour ni en une année. Plusieurs siècles furent nécessaires pour que le christianisme prenne le pas sur les anciennes religions. L’an 303 correspond à une période de transition, avec plusieurs conflits entre les tenants du paganisme et ceux du christianisme. C’est dans ce contexte compliqué que plusieurs légendes vont naître, comme celle du massacre de la légion thébaine et indirectement liée, celle de Victor, légionnaire romain, que les Marseillais connaissent aujourd’hui comme étant le saint patron de la fameuse abbaye à l’entrée du Vieux-Port, l’abbaye de Saint-Victor. À l’époque de Dioclétien, Marseille était une ville farouchement attachée à ses traditions païennes, héritées de son passé grec, un passé prestigieux dont les Marseillais étaient fiers. La religion était pour beaucoup un facteur d’identité très fort. L’histoire de Victor est légendaire, tout comme la légion à laquelle ce soldat est supposé appartenir. Selon l’histoire chrétienne, le massacre de la légion thébaine aurait eu lieu en 286, bien avant le début des persécutions de Dioclétien, en 303. Les faits ne sont pas relatés par les auteurs chrétiens de la même période, mais uniquement par une source tardive et religieuse, plus de 170 ans plus tard : l’évêque Eucher de Lyon, en l’an 450 environ. La légion thébaine, entièrement composée de chrétiens coptes, ne pouvait obéir aux ordres et tuer les chrétiens d’Octodure, aujourd’hui Martigny en Suisse. Cette rébellion, aggravée par le refus de sacrifier au culte de l’empereur fut la cause de leur perte. Ils furent d’abord décimés : un légionnaire sur dix fut tué. Malgré tout, leur foi étant plus forte que cette punition, ils continuèrent de refuser le culte à l’empereur. Maurice d’Agaune, leur commandant deviendra par son obstination à ne pas vouloir renier sa foi chrétienne celui que nous connaissons aujourd’hui comme étant Saint Maurice. Victor était un légionnaire romain, peut-être un rescapé de cette fameuse légion, un des rares survivants des 6500 soldats de Maurice d’Agaune. Quoiqu’il en soit, en 303, il ne comptait pas dans les martyrs de la légion thébaine. Peut-être n’en a-t-il jamais fait partie, les rapports étant parfois contradictoires : il est peut-être confondu avec un autre Victor de la légion thébaine, martyrisé à Soleure, en Suisse. Une fois dans la cité phocéenne, saint Victor de Marseille n’a eu de cesse que d’aider la petite communauté chrétienne naissante de cette ville païenne. L’empereur Maximien Hercule, en lutte active contre le christianisme qu’il accusait de diviser et fragiliser l’Empire, décida de punir son officier, Victor et les autres soldats chrétiens qui l’avaient rejoint en prison, Alexandre, Longin et Félicien. Lors de son procès, Victor refusa de sacrifier aux dieux et à l’empereur. Il renversa du pied l’autel où on l’invitait à jeter l’encens, ce qui lui valut d’avoir le pied coupé. Il fut jeté sous une meule qui se brisa, puis décapité et jeté à la mer avec les autres soldats chrétiens. C’était le 21 juillet de l’an 303 selon la tradition, cette date correspondant à la date de la fête de saint Victor. L’histoire de Victor est emblématique du début des persécutions de Dioclétien, et compte, comme chaque récit légendaire, sans doute une importante part de vérité. Il devait sûrement être l’évêque de Marseille au moment des faits. Son statut d’officier de l’empereur nous montre bien que le christianisme était alors de plus en plus répandu, et ce, dans toutes les couches de la société. L’empire changeait, et plus les autorités officielles luttaient contre la nouvelle religion, plus elle se renforçait : l’inébranlable volonté de ces saints (ou fanatiques suivant les points de vue) impressionnait la population en mal de spirituel et de repères dans une société en pleine mutation. C’est en l’honneur de Victor qu’en 415, à peine plus d’un siècle après son martyre, qu’un monastère portant son nom sera construit à Marseille. Sur l’emplacement actuel de l’abbaye se trouvait au temps des Phocéens une carrière, située en dehors de la ville. Cette carrière fut par la suite utilisée en tant que nécropole. C’est ici que les premiers chrétiens de Marseille cachèrent dans les grottes les corps de Victor et des autres martyrs. Très vite, un culte se mit en place autour de la nécropole et de Victor. Son importance était telle qu’à la fin du IVe siècle ou tout au début du Ve siècle, l’évêque de Marseille, Proculus, y fit ériger une chapelle, puis, à la demande de l’homme d’Église Jean Cassien, un monastère en 415. La chapelle existe toujours, au sein de la crypte actuelle de l’abbaye, c’est la chapelle Notre-Dame-de-la-Confession, où se trouve aujourd’hui la statue de la Vierge noire. Après la chute de l’Empire romain d’Occident suivirent des temps troubles et difficiles pour l’abbaye de Saint-Victor. L’abbaye fut plusieurs fois pillée et détruite, soit par les barbares, soit par les Sarrazins (838 et 923 notamment), soit par les pirates grecs (848). Il n’y a plus de vie monastique à Saint-Victor. Ce n’est qu’en 972 et la défaite définitive des Sarrasins en Provence que la ville et son abbaye retrouvèrent le calme. À ce moment-là, l’abbaye n’était plus qu’un champ de ruines. C’est en 977 avec le nouvel évêque Pons Ier et l’arrivée des Bénédictins que la célèbre abbaye de Marseille va revivre et récupérer son prestige, après les efforts de l’évêque précédent, Honorat II. Toute la rive sud du Vieux-Port appartiendra alors à l’abbaye, avec de nombreuses dépendances dans toute la Provence. En 1040, l’église supérieure, fraîchement reconstruite, fut consacrée. Une nouvelle abbatiale fut construite au-dessus des anciennes constructions, devenues des cryptes entre 1201 et 1279. Guillaume de Grimoard était l’abbé de Saint-Victor depuis à peine plus d’un an lorsqu’il devint le pape Urbain V en 1362. |