pour la rénovation de l’église Saint-Maurice de Neuville-les-Dames |
|||
Mots du curé |
Dernière mise à jour le 30/11/2023 Plan du site Menu en haut d’écran Aide |
Frères et sœurs,
Dans la nuit de Noël, nous entendrons cette parole du prophète Isaïe : « Sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi ». Littéralement, ce pays est appelé « pays de l’ombre de la mort ». Ce pays représente l’humanité entière sur laquelle plane « l’ombre de la mort » surtout à une époque où les armes atomiques peuvent anéantir une bonne partie de notre terre. Quel contraste entre la puissance de destruction massive que possèdent les hommes et la puissance de vie que détient le divin Enfant de la crèche ! À la brutalité de la violence, le Sauveur répond par la douceur de sa naissance. Là où les hommes font tomber du ciel la mort, le Sauveur vient comme la rosée pour enrichir les hommes de ses trésors. Sa cible est bien le cœur de l’homme, non pour le vider de son sang, mais pour l’irriguer de sa divine charité.
Oui, ceux qui habitent le pays de l’ombre de la mort peuvent entrer dans l’espérance, car « une lumière a resplendi » sur eux, « un enfant nous est né » (Is 9,5). L’espérance chrétienne n’est pas un rêve déconnecté du drame de la réalité, l’espérance que l’Enfant Jésus apporte au monde est comme lui, puissante et fragile. Puissante, car la naissance du Sauveur inaugure une nouvelle ère où la grâce peut enfin triompher du péché, la vie de la mort, le pardon de l’offense. Fragile, car cette victoire dépend de la volonté des hommes.
Pour recevoir cette espérance, pour acquérir cette force de la vie, de l’amour et du pardon, il nous est demandé de reconnaître notre fragilité : j’ai besoin de ce Dieu qui s’est fait homme et qui s’est abaissé du Ciel sur la terre. Pour confesser son abaissement et reconnaître sa présence dans l’Enfant de la crèche, je dois déposer mon orgueil, accueillir ma misère, tomber à genoux et pleurer mes péchés et ceux du monde entier. « Toi seul, Seigneur Jésus, peux apporter à notre monde la lumière qui chasse les ténèbres et éteint toute haine. » Pour faire triompher le règne de l’Enfant Dieu, je choisis la faiblesse du témoignage de la vérité plutôt que la violence qui veut convaincre par l’orgueil ; je préfère demander pardon et confesser mes torts plutôt que de me justifier et de m’aveugler ; j’investis dans le silence de la prière et je coupe ces réseaux qui m’enchaînent ; je quitte mon confort égoïste pour entrer dans la charité d’une vie donnée.
Que la lumière de la Nativité resplendisse dans nos cœurs pour que nous apportions à notre monde l’espérance, petite, humble, accessible, comme l’Enfant Jésus sur la paille de la crèche !
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Il y a quelques jours, nous avons reçu à Châtillon le pèlerinage des Filles de la Charité : 70 jeunes religieuses (entre 7 et 10 ans de vœux) qui ont fait le don de leur vie à la suite du Christ, à l’école de saint Vincent de Paul, pour servir les plus pauvres aux quatre coins du monde. Dans quelques semaines (le 17 novembre à 20 h 30), sera diffusé au cinéma de Châtillon le film « Sacerdoce » qui dévoile, dans un documentaire, le quotidien de prêtres qui ont fait l’offrande de leur vie. Dans la bande-annonce du film, le père Matthieu Dauchez, qui œuvre à Manille au service des enfants des rues, s’exclame avec force : « Pourquoi est-ce que je ne donnerais ma place pour rien au monde alors que c’est très dur ? C’est justement parce que cet engagement, il donne tout le sens de ma vie ».
Dans la deuxième lecture de ce dimanche, la parole de Dieu nous dit : « Ce que vous avez vu et entendu de moi, mettez-le en pratique. » (Ph 4,9) C’est l’apôtre saint Paul qui parle, mais cette parole nous révèle comment se transmettent la foi et la charité : par imitation ! Les apôtres et les disciples de l’évangile sont devenus des saints par imitation de ce qu’ils ont contemplé dans la vie de Jésus. Nos jeunes générations ont besoin de fréquenter des personnes qui mettent en pratique l’évangile du Christ ; ils ont besoin de voir des personnes qui donnent leur vie.
Chacun de nous doit de se poser cette question :
Cette année, certains d’entre vous ont accepté une nouvelle mission dans la paroisse : accueillir les couples qui demandent le baptême de leur enfant, faire la catéchèse ou animer un groupe d’aumônerie, organiser des temps de convivialité… Notre paroisse doit devenir une famille où chaque membre doit témoigner aux autres de son amour de Jésus (par la fidélité à la Messe et à la prière…) et de son service du prochain. Chacun doit prendre sa part de DON pour le service de tous ceux qui viennent frapper à la porte de l’Église. Merci.
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
La rentrée pastorale approche. Cette semaine, notre évêque rassemble tous les prêtres de notre diocèse pour une session de travail et de prière sur le thème du catéchuménat. Cette session du presbyterium, intitulée « Viens, vois et vis », s’achèvera le samedi 2 septembre par une journée de rentrée diocésaine ouverte à tous au Foyer Sacerdotal d’Ars (cf. le programme ci-dessous).
Le catéchuménat est le chemin que fait parcourir l’Église aux adultes qui désirent devenir chrétiens. Il est composé de temps de formation et d’étapes d’engagements. « Allez ! De toutes les nations faites des disciples. » (Mt 28,19) Avant de recevoir le baptême, le catéchumène doit apprendre à connaître Jésus et la foi de l’Église. Cet état de disciple n’est pas réservé au catéchumène qui découvre la foi, il est un aspect essentiel de la vie de tout baptisé. Beaucoup de chrétiens ont perdu la foi parce qu’ils n’ont pas entretenu cette soif de comprendre les paroles de leur maître Jésus : « Vous n’avez qu’un seul maître, le Christ » (Mt 23,12).
Un chrétien est un disciple qui se nourrit quotidiennement des paroles de Dieu révélées dans la Bible et qui cherche à les comprendre et à les mettre en pratique. La vie de notre corps dépend de la nourriture que nous prenons, la vie de notre foi dépend de l’écoute des paroles de Vie que nous recevons pour notre éducation.
C’est pourquoi je vous propose une Formation pour adultes ouverte et accessible à tous. Un temps pour se mettre ensemble à l’écoute de la Parole de Dieu à la lumière de la foi de l’Église, un temps pour se retrouver en tant que disciples du Christ, une fois par mois. Première rencontre : le mardi 26 septembre à 20 h 30.
« Viens », c’est un appel à s’approcher de Jésus pour écouter son enseignement. « Vois », c’est un appel à comprendre ces paroles parfois énigmatiques de l’Évangile et de toute la Bible. « Vis », c’est un appel à entrer en communion de pensée et de vouloir avec notre Père des cieux, appel à devenir fils dans le Fils dans la communion de l’Esprit-Saint, esprit de vérité et de charité.
Je souhaite que la paroisse vous apporte la nourriture nécessaire à votre croissance dans la foi et à votre vie chrétienne dans le monde. Je compte sur vous pour inviter largement à ces rencontres de Formation pour adultes. De mon côté, je vais inviter les fiancés et les parents des enfants baptisés et catéchisés.
Bonne rentrée !
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Cette parole ne vient pas d’un cycliste du Tour de France de passage à Châtillon, mais de l’apôtre saint Paul dans une lettre qu’il adresse aux Philippiens (Ph 3,12). La « course » n’est pas une activité réservée aux seuls athlètes qui traversent nos belles régions de France sur leur frêle monture à deux roues.
Une course consiste à parcourir un trajet pour atteindre un but précis, avec une certaine vitesse. Elle est une image choisie par l’apôtre pour nous parler de la vie chrétienne. La vie du baptisé n’est pas comparable à une balade ou à une visite touristique, elle est comme une course. Il y a donc un BUT à atteindre et pour l’atteindre, il est nécessaire de ne pas perdre son temps.
Le BUT à atteindre c’est la perfection : « Soyez parfait - dit Jésus - comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48 et Cf. Je 1,4).
Il s’agit pour le chrétien
Ne pas perdre de temps. Les cyclistes ne s’arrêtent pas durant leur course. Il s’agit pour les baptisés de ne pas oublier la destination de leur vie, d’être toujours tendu vers le But : l’union à Dieu. En imitant Jésus, nous apprenons à aimer Dieu et à aimer les hommes, à donner notre vie au service de Dieu et des hommes. Que ce temps de vacances soit un temps favorable pour que les baptisés se remettent en selle et entrent dans la course à la Charité : « Je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. » (Ph 3,14)
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Le 24 juin, nous célébrons avec toute l’église la naissance du Précurseur, saint Jean Baptiste, 6 mois avant la naissance de Jésus. Ses parents, Zacharie et Élisabeth, sont stériles et avancés en âge. Leur vie à tous les deux est bouleversée lorsque l’ange du Seigneur apparaît à Zacharie au moment où il offre l’encens dans le temple du Seigneur. « Ta supplication a été exaucée : ta femme mettra au monde pour toi un fils et tu lui donneras le nom de Jean. » (Lc 1,13)
Le nom « Jean » signifie « la grâce du Seigneur ». Zacharie doute de la parole de l’ange Gabriel et il se trouve privé de la parole. Après 9 mois, le jour de la circoncision de l’enfant, la bouche de Zacharie s’ouvre et sa langue se délie : « Il parlait et il bénissait Dieu. » (Lc 1,64) Tous les habitants de cette région sont saisis de crainte et disent : « Que sera donc cet enfant ? » (Lc 1,66)
Les parents ont la mission d’accueillir des enfants et de les éduquer. La naissance de Jean Baptiste fait prendre conscience à ses parents que la vie est un don de Dieu. Ce ne sont pas les parents qui choisissent le nom de leur enfant, c’est l’ange qui lui donne son nom « Jean ». Tout enfant a besoin de recevoir de Dieu « la grâce » ; la grâce est à notre humanité ce que la flamme est à une bougie. La grandeur d’une bougie est de porter le feu. À notre époque, les enfants sont saturés de choses, d’images, de paroles et de bruits ; les yeux sont fixés sur les écrans et les oreilles bouchées par des oreillettes. « Que seront nos enfants ? »
L’actualité nous permet de nous réveiller ; les enfants de notre société ne vont pas bien. Ils ont besoin de contacts avec la création, de paroles vraies qui les éclairent et les encouragent ; ils ont besoin de SENS. Ils ont aussi besoin du secours de la grâce. Dans notre prière, nous demandons chaque jour : « délivre-nous du Mal ». Beaucoup d’enfants sont privés de vie spirituelle ; on ne leur apprend pas à prier, à recevoir la grâce, on ne leur permet pas d’accueillir cette flamme de la FOI qui chasse les ténèbres de ce monde.
Frères et sœurs, prions pour que les parents ne doutent pas comme Zacharie de l’action de Dieu dans leur vie, prions pour qu’ils aident leurs enfants à accueillir la grâce. Que les enfants entendent cette parole du prophète Isaïe : « Oui, j’ai du poids aux yeux du SEIGNEUR, et ma puissance, c’est mon Dieu. » (Is 49,6)
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Chaque année, nous faisons mémoire du jour de notre naissance pour rendre grâce à Dieu pour le don de la vie et pour remercier aussi nos parents qui nous ont engendrés et accueillis. Avant de naître, nous avons passé neuf mois dans le sein de notre mère ; jour après jour, à partir d’une seule cellule formée par la combinaison du patrimoine génétique de notre père et de notre mère, notre corps a été façonné dans ce premier sanctuaire de la vie qu’est le ventre d’une femme. Le Ps 139 chante le mystère de notre Dieu Créateur qui nous sonde et nous connaît : « C’est toi qui as créé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère ; je te rends grâce pour tant de prodiges merveille que je suis, merveille que tes œuvres. Mon âme, tu la connaissais bien, mes os n’étaient point cachés de toi, quand je fus façonné dans le secret, brodé au profond de la terre. » (Ps 139,13-15)
Dans son entretien avec Nicodème, Jésus enseigne qu’il nous faut naître à nouveau : « À moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu … à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. » (Jn 3,3.5) Cette seconde naissance n’est pas une œuvre naturelle, elle est le fruit d’une décision libre. Pour recevoir cette nouvelle naissance, il est nécessaire de professer la foi de l’Église ; c’est librement que des parents, des enfants ou des adultes renoncent à Satan et au péché, et confesse la foi en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. » (Jn 3,16)
Le baptême nous unit à la mort et à la résurrection de Jésus : « Par le baptême, en sa mort, nous avons donc été ensevelis avec lui, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle. » (Rm 6,4) La nouvelle naissance nous permet de vivre comme Jésus, « par lui, avec lui et en lui », comme des fils du Père. De la terre, nous recevons tous les dons du Créateur et les fruits du travail des hommes, et du Ciel, nous recevons les dons de Jésus, notre Sauveur : le pardon de nos péchés, l’espérance de la vie éternelle, la foi en un Dieu qui est né parmi les hommes pour que nous puissions naître à sa propre vie, « naître d’en haut ». « Qui croit au Fils a la vie éternelle. » (Jn 3,36) La foi permet à Dieu de vivre dans notre humanité ; en priant la prière du Fils, le Notre Père, nous demandons que son règne de vérité et d’amour s’établisse en nous et autour de nous.
Que notre vie nouvelle, selon la foi, témoigne de la présence du Christ Ressuscité dans notre humanité.
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Cette parole est tirée d’une parabole de Jésus que nous entendons le vendredi de la 2e semaine du Carême. Jésus compare l’attention de Dieu pour son peuple à celle d’un propriétaire d’un domaine qui a planté une vigne et l’a confiée à des vignerons. Ces vignerons désignent les grands-prêtres et les pharisiens, tous ceux qui ont mission de guider le peuple, de l’aider à produire des fruits de justice, de charité, de sainteté.
Quand vient le temps de la vendange, le maître envoie des serviteurs pour se faire remettre le produit de la vigne, mais ceux-ci sont maltraités et tués. Ces serviteurs, envoyés par Dieu à son peuple, représentent les prophètes qui, de siècle en siècle, rappellent à tous la parole de Dieu, l’obéissance à ses commandements, la pratique des œuvres de piété et de justice. Après avoir envoyé de nombreux prophètes, Dieu nous a envoyé son propre Fils. En le voyant, les vignerons de la parabole se disent : « Voici l’héritier : venez ! Tuons-le, nous aurons son héritage. » (Mt 21,38)
Est-il possible que le maître du domaine donne son héritage aux hommes qui ont tué son fils ? Ce qui nous paraît impossible est pourtant le cœur du mystère que nous célébrons dans la Semaine sainte : Jésus, le Fils bien-aimé du Père, a offert sa vie en sacrifice (« Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne » : Jn 10,18) pour faire de nous les héritiers de sa vie divine. Jésus prend sur lui le péché des hommes, il reçoit dans son humanité les souffrances causées par nos péchés, et « par ses blessures, nous trouvons la guérison » (Is 53,5).
Pour recevoir l’héritage de la vie éternelle, de la vie divine, nous devons devenir fils dans le Fils unique. Le baptême nous a plongés dans la mort et la résurrection de Jésus : la mort de Jésus, c’est la victoire de sa charité sur tous nos péchés d’orgueil, d’égoïsme et de convoitise ; sa résurrection, c’est l’inauguration de la vie divine dans notre nature humaine. Cette transfiguration de notre humanité par l’action du Sauveur se réalise dans la liturgie de l’Église ; dans la Vigile de Pâques et dans chaque messe, Jésus se livre à nous sur la croix, il nous donne son corps et son sang qui constituent notre héritage ; la bonté divine qui habite le cœur de Jésus désire descendre dans notre cœur, dans notre humanité. La miséricorde divine a transformé la mort du Fils unique du Père en sacrifice de salut pour tous les hommes, qui, comme le bon larron, reconnaissent leurs fautes et implorent la bonté du Crucifié.
Frères et sœurs, vivons dans notre monde comme des fils ressuscités, héritiers de la bonté de Dieu.
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Ces paroles du livre de Qohéleth (3,7) nous enseignent qu’il est nécessaire de discerner, dans nos vies, les moments où nous devons parler et les moments où nous devons garder le silence. Une parole prononcée trop tôt, au mauvais moment, un silence qui s’est rendu complice d’une injustice, nous avons tous en mémoire des paroles ou des silences donnés au mauvais moment. Pour aimer, il faut parfois se taire, parfois parler.
Je vous propose de méditer sur quatre moments opportuns pour faire silence ou pour parler. Le premier consiste à taire le bien que nous avons accompli. Bien souvent, nous nous plaisons à rappeler aux membres de notre famille, à nos amis, le bien que nous leur avons fait. La charité se fait toujours discrète, « elle ne se vante pas » (1Co 31,4) ; lorsque nous parlons du bien que nous avons fait, nous cherchons l’estime des autres et ce retour sur nous-mêmes assombrit l’éclat du bien que nous avons fait. Aimons rendre service, faire du bien, en toute discrétion ; voyez comme le Créateur se cache « derrière » ses créatures.
Le deuxième moment favorable consiste à repérer le bien que nous recevons dans l’instant présent et à exprimer notre reconnaissance. « Vivez dans l’action de grâce. » (Col 3,15) Nous utilisons souvent notre parole pour signifier aux autres ce qui ne va pas ; vivre dans l’action de grâce c’est dire merci pour tel ou tel bien que nous recevons de Dieu ou de ceux qui nous entourent.
Le troisième moment, c’est la demande de pardon. Demander pardon à ceux qui nous entourent c’est reconnaître le mal que nous avons pu leur faire ou le bien que nous avons négligé de leur donner. C’est donc une manière de nous rappeler nos devoirs d’époux, d’épouse, d’enfants, de voisins, d’enseignants, d’amis… C’est aussi à Dieu que nous n’osons pas demander pardon. La confession de nos péchés à un prêtre est une parole qui nous est parfois difficile à prononcer. Et pourtant, ce simple aveu de notre misère nous permet de recevoir toute la richesse de la miséricorde divine.
Le dernier moment auquel je vous convie, c’est le silence dans l’église, en particulier avant et après la messe. Comme il est précieux ce cadeau que nous pouvons nous faire : permettre à celui qui entre dans l’église, d’entrer en même temps dans le silence, d’entrer en lui-même pour écouter la voix du Bien-aimé, de Jésus qui est là et qui nous attend. Notre assemblée dominicale doit attirer toute personne vers davantage d’intériorité ; ce silence est la condition pour que chacun puisse parler au Christ au fond de son cœur.
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Il y a quelques jours l’une d’entre vous m’a fait part de sa peine à l’écoute des informations. En effet, des journalistes présentaient à la télévision ce grave sujet d’actualités : « Aurons-nous du foie gras pour Noël ? » Nous nous préparons à célébrer la venue du Sauveur, la naissance de l’Enfant-Dieu au milieu des hommes, et en cette sainte nuit, il est un sujet d’inquiétude qui habite les cœurs de Joseph et de Marie : y aura-t-il une maison pour accueillir l’Emmanuel, Dieu avec nous ? Nous connaissons la réponse : la seule place que trouvera Joseph est celle d’une pauvre étable habitée d’un âne et d’un bœuf. Jésus lui-même a posé cette question dans l’évangile : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Le 18,8) Y aura-t-il un cœur, une âme pour accueillir le Sauveur ? Voilà un sujet qui devrait faire la une !
La question du foie gras est le symptôme de notre société malade qui cherche à gaver d’informations et non nourrir de paroles. L’esprit de nos contemporains est saturé d’images et de bruits, d’envies et de déceptions. Les enfants regardent-ils encore vers le Ciel ? Les écrans et les pixels ont-ils remplacé les étoiles ? Depuis des années en France, on s’évertue à chasser les crèches des lieux publics ; le petit enfant Jésus n’a plus sa place dans notre vie sociale. Voyez-vous, l’Enfant Jésus est une menace à la laïcité… Ce monde où Dieu n’a pas sa place est un monde où l’argent est roi ; on dépense et on se dépense, mais on ne pense plus. Le Divin Enfant vient chercher et sauver ceux qui n’attendent rien du Ciel, ceux qui ont été asservis aux seuls biens de la terre. Sa pauvreté nous délivre de nos fausses richesses, son silence nous introduit dans l’écoute de la Parole faite chair, sa fragilité brise l’orgueil de notre autosuffisance.
L’Enfant de la crèche ne vient pas nous divertir, il vient nous guider, il ne vend pas du rêve, il nous révèle la noblesse de notre humanité capable d’accueillir la vie divine. Vais-je accueillir par la foi celui qui désire me donner sa propre vie ? Livré sur la paille avant d’être cloué sur la croix. Toujours offert en nourriture, la seule qui donne à notre humanité sa plénitude, son accomplissement. « Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. » (Un 5,11-12)
Avec Joseph et Marie, nous voulons chercher un accueil pour l’Enfant Dieu, des âmes qui ont soif de sens, de vérité, d’amour et de vie. En ce temps de Noël que notre désir de Dieu ne cesse de s’accroître !
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Dans la prière du Notre Père, Jésus nous fait demander la venue du règne de Dieu : « Que ton règne vienne ». Nous demandons la venue du Royaume de Dieu sur la terre, c’est-à-dire dans notre nature humaine, parce qu’il ne peut s’y établir sans notre consentement : Dieu ne peut pas venir en nous par force. Voyez le mystère de sa venue parmi nous : Dieu envoie son saint archange Gabriel pour annoncer à la Vierge Marie le projet de son Incarnation en elle. « Je suis la servante du Seigneur - dit Marie - que tout se passe pour moi selon ta parole. » (Lc 1,38) La Vierge Marie est appelée « Porte du Ciel », car c’est par son « oui » que le Ciel, Dieu en personne, est venu dans notre nature humaine. À la porte de chacun, Jésus vient frapper d’une manière ou d’une autre, et il attend notre foi pour venir nous apporter sa grâce.
Nous venons de célébrer la fête de tous les saints et nous voyons les merveilles que Jésus a accomplies dans leur vie pour le bien du plus grand nombre. Accueillir le règne de Dieu dans notre humanité, c’est penser comme Jésus, agir comme lui. La Vierge Marie, l’Immaculée Conception, n’a jamais conçu une pensée d’égoïsme ou d’orgueil ; toute sa vie est offerte pour la gloire de Dieu et le salut des hommes. Elle est, parmi toutes les créatures humaines, celle en qui le Royaume de Dieu s’est établi, elle est « comblée de grâce ».
Le 2 novembre, nous avons prié pour les âmes du purgatoire. L’Église nous enseigne que de nombreuses âmes meurent sans avoir profité de cette vie sur la terre pour étendre le règne du Christ en elles et autour d’elles. La charité, qui est la vie de Dieu, n’a pas pu s’établir parfaitement en elles. Le purgatoire permet de purifier dans l’âme tout ce qui empêche l’Amour divin de demeurer en elle. Est-ce qu’un malade désire conserver des cellules cancéreuses dans son corps ? Est-ce qu’un saint du Ciel peut supporter la trace du péché en lui ? Non. La vie éternelle et bienheureuse est la pureté de la Charité.
Nous comprenons alors l’importance de cette demande du Notre Père : « Que ton règne vienne ! » Car si je refuse à Jésus d’entrer en moi pour laver mon humanité de tout péché, si je n’accueille la puissance de vie du Christ ressuscité, je ne pourrai pas entrer dans l’éternité. L’enfer, c’est ce refus définitif du règne de Dieu.
Prions, prions, prions pour demander la venue du Règne de Dieu. Le temps de l’Avent est un temps de préparation et d’attente, un temps de désir de la venue du Sauveur. Notre monde souffre parce qu’il cherche des moyens de salut en dehors du Christ Jésus. Que notre prière fervente hâte la venue du Règne du Christ en nous et autour de nous !
P. Michaël Gaborieau
Frères et sœurs,
Nous approchons à petits pas de la fête de tous les saints qui nous rappelle notre vocation et notre destination. Nous sommes appelés par notre Dieu à participer à sa vie bienheureuse. « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, Toi, le seul véritable Dieu, et Ton envoyé, Jésus Christ. » (Jn 17,3) « Dieu, notre Sauveur… veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1Tm 2,3-4)
La foi n’est pas une adhésion aveugle à un contenu flou ; elle est une grâce que Dieu veut donner à tous les hommes : « la douceur de consentir et de croire à la vérité » (Dei Verbum no5). Par la foi, nous recevons la connaissance du « seul véritable Dieu » qui nous est révélé par les paroles et les actions de son envoyé, Jésus, vrai Dieu et vrai homme. « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » (Jn 18,37) Jésus invite à la foi et à la conversion ; il n’y contraint personne. La foi est un acte libre par lequel « l’homme s’en remet tout entier et librement à Dieu dans un complet hommage d’intelligence et de volonté à Dieu qui révèle et dans un assentiment volontaire à la révélation qu’il fait » (DV5).
« Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libèrera. » (Jn 8,31-32) L’Église enseigne donc que nous ne pouvons pas atteindre une véritable connaissance de Dieu en dehors de la Révélation qu’il fait de lui-même en son Fils ; nous ne pouvons pas connaître la grandeur et la beauté de notre nature humaine créée à son image et à sa ressemblance sans la lumière de la Parole de Dieu.
La foi en Jésus a déserté nos villes et nos villages et elle a été remplacée par un tas de croyances qui n’apportent ni la vie ni l’espérance. L’athéisme et le matérialisme sont des croyances qui se sont imposées dans l’esprit de beaucoup de nos contemporains, souvent à l’insu de leur consentement ; car si la vérité ne peut être reçue que par un acte de liberté (la foi), le mensonge, lui, s’impose par la force (matraquage médiatique en tout genre). Autrefois, près de Châtillon, les mères confiaient leurs enfants à une prêtresse qui invoquait un « saint » lévrier (légende de saint Guignefort), aujourd’hui, on abandonne l’esprit de nos jeunes à des influenceurs en tout genre. Le culte du « saint » lévrier a persisté jusqu’au début du XXe siècle…
Les croyances et les superstitions asservissent, la foi en Jésus libère. Il est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). À la suite de tous les saints, imitons Jésus notre Sauveur et rendons témoignage à la vérité par nos paroles conformes à l’évangile et par nos actes animés par la charité divine.
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
La rentrée scolaire est une bonne occasion pour nous de faire le point sur notre formation chrétienne. Jésus a commencé par appeler des disciples, c’est-à-dire des gens qui désiraient apprendre et comprendre. Avant de reconnaître la divinité de Jésus, les apôtres se sont d’abord mis à son école, ils ont reconnu en lui un maître, un enseignant, un Rabbi. Tout au long de notre vie, nous devons vérifier si nos pensées, nos paroles et nos actes sont conformes à l’évangile. Suis-je toujours un disciple de Jésus ? Est-ce que je prends le temps de me nourrir de sa Parole ? Ma manière de vivre dans le monde manifeste-t-elle la charité du Christ ?
Au seuil d’une nouvelle rentrée pour les enfants et les jeunes, nous devons nous aussi reprendre le chemin de l’école, s’engager à s’asseoir régulièrement, comme Marie, sœur de Lazare, aux pieds du Maître pour s’abreuver de ses paroles de vérité. Sans cette nourriture, les idéologies de notre époque risquent d’imprégner nos pensées et de gouverner nos manières de vivre.
Avec la rentrée scolaire, le catéchisme va reprendre à la paroisse et à l’école saint Charles. Les enfants ont besoin de connaître Jésus pour l’aimer, le suivre et lui faire confiance. Prenez du temps avec vos enfants et petits-enfants pour relire les paroles de l’évangile qu’ils ont apprises. Prenez du temps pour prier avec eux, pour venir à l’église adorer Jésus dans le tabernacle, prier la Vierge Marie et allumer un luminion.
« À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35) La première manière d’aimer de Jésus, c’est d’enseigner : « En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. » (Mc 6,34)
Beaucoup de baptisés n’ont pas encore eu cette grâce d’entendre les enseignements de Jésus qui pourraient leur apporter lumière et réconfort, sagesse et intelligence. La compassion envers tous ceux qui ne connaissent pas Jésus doit nous pousser à devenir davantage disciples de Jésus, pour pouvoir témoigner de lui avec foi et charité, comme nous le demande l’apôtre Pierre : « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous, mais faites-le avec douceur et respect. » (IP 3,14-15)
En ce début d’année, choisissons d’apprendre par cœur des paroles de Jésus !
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Nous connaissons bien cette parole de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11, 28) Le temps des vacances est le moment favorable pour méditer sur le repos. Un arbre se repose lorsque ses fruits sont arrivés à maturité et qu’il peut les offrir aux hommes ; un artisan se repose lorsqu’il a achevé son ouvrage. La Bible parle même d’un repos divin : « En six jours, le SEIGNEUR a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le SEIGNEUR a béni le jour du sabbat et l’a consacré. » (Ex 20, 11) La grande œuvre divine de la Création s’est déroulée en 6 jours, et le sixième jour, Dieu dit : « Faisons l’Homme à notre image, selon notre ressemblance. » (Gn 1, 26) Le projet du Créateur s’achève dans la création de l’homme et de la femme, « seule créature que Dieu ait voulue pour elle-même » (GS24). Le Créateur peut se reposer de son ouvrage lorsque la nature humaine est accomplie, lorsque l’homme et la femme lui ressemblent.
« Venez à moi », dit Jésus, car sans lui notre nature humaine ne peut pas réaliser ce pour quoi elle a été créée : nous ne pouvons pas ressembler à Dieu par nos propres forces. Le poids du fardeau représente tous les efforts que nous pouvons accomplir pour être une bonne personne ; parfois la fatigue et le découragement triomphent de la force et de l’espérance. C’est pour cela que Jésus nous demande de venir près de lui, de passer du temps avec lui pour recevoir sa force et sa lumière, sa grâce.
« Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. » (Mt 11, 29) Le joug c’est la croix, c’est-à-dire le chemin de la charité, du don total de soi-même par amour de Dieu et du prochain. Prendre ce joug, c’est marcher à côté de Jésus, c’est s’attacher à lui pour qu’il nous fasse bénéficier de sa présence et de sa douceur. « Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi. » (St Augustin, Les Confessions, I, 1) Pour garder le cap de la charité, notre âme a besoin de se reposer en Dieu.
Que cette période de vacances soit un temps pour donner du repos à nos corps et à nos âmes.
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Avant de s’élever dans la gloire du Ciel, Jésus ressuscité a confié à ses apôtres la Mission de l’Église : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples ; baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,19-20) « En Jésus et par Jésus, Dieu appelle les hommes à devenir, dans l’Esprit Saint, ses enfants d’adoption, et donc les héritiers de sa vie bienheureuse » (CEC no1). Grâce à Dieu, nous avons accueilli l’appel du Christ et nous y répondons librement par la foi. Animés par le Saint-Esprit, nous sommes pressés par l’amour du Christ d’annoncer l’Évangile et de transmettre ce trésor reçu des apôtres « en annonçant la foi, en la vivant dans le partage fraternel et en la célébrant dans la liturgie et la prière » (CEC no3).
Je compte sur votre engagement personnel pour le bien de tous !
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Le 17 mai 1917, lors de sa première apparition aux trois enfants de Fatima, la Vierge Marie répond à Lucie qui lui demande s’ils iront au Ciel : « Oui, tu iras au Ciel. Jacinta aussi. François, aussi, mais il devra réciter beaucoup de chapelets. » Et la Belle Dame termine son entretien avec Lucie en disant : « Récitez le chapelet tous les jours, afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre. »
Il y a quelques jours, notre pape François disait aux pèlerins rassemblés à Rome : « Nous venons de commencer le mois de mai, qui appelle traditionnellement le peuple chrétien à multiplier ses gestes quotidiens de vénération envers la Vierge Marie. Le secret de sa paix et de son courage était cette certitude : “Rien n’est impossible à Dieu”. Nous devons l’apprendre avec la mère de Dieu ; montrons notre gratitude en priant le chapelet chaque jour » (pape François, le 4 mai 2022).
Déjà, il y a près de 20 ans, le saint pape Jean Paul II écrivait : « Certaines circonstances historiques ont contribué à une meilleure actualisation du renouveau du Rosaire. La première d’entre elles est l’urgence d’implorer de Dieu le don de la paix. Le Rosaire a été à plusieurs reprises proposé par mes prédécesseurs et par moi-même comme prière pour la paix… redécouvrir le Rosaire signifie s’immerger dans la contemplation du mystère de Celui “qui est notre paix”, ayant fait “de deux peuples un seul, détruisant la barrière qui les séparait, c’est-à-dire la haine” (Ep 2, 14). On ne peut donc réciter le Rosaire sans se sentir entraîné dans un engagement précis de service de la paix… De manière analogue, il est urgent de s’engager et de prier pour une autre situation critique de notre époque, celle de la famille, cellule de la société, toujours plus attaquée par des forces destructrices, au niveau idéologique et pratique, qui font craindre pour l’avenir de cette institution fondamentale et irremplaçable, et, avec elle, pour le devenir de la société entière. »
Et il terminait sa lettre sur le Rosaire avec cet appel pressant à toute l’Église : « C’est pourquoi je me tourne vers vous, frères et sœurs de toutes conditions, vers vous, familles chrétiennes, vers vous, malades et personnes âgées, vers vous les jeunes : reprenez avec confiance le chapelet entre vos mains, le redécouvrant à la lumière de l’Écriture, en harmonie avec la liturgie, dans le cadre de votre vie quotidienne. Que mon appel ne reste pas lettre morte ! »
Frères et sœurs, avec la Vierge Marie et saint Jean Paul II, je vous demande de prendre ou de reprendre la prière quotidienne du chapelet pour implorer de Dieu le don de la paix et pour la défense de la famille.
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Lorsque Moïse est arrivé au seuil de la terre promise avec le peuple des Hébreux, après avoir traversé le désert pendant 40 années, il prononce ces paroles de la part du Seigneur : « Je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie. » (Dt 30,19-20)
La vie humaine ne dépend pas seulement des lois de la nature, de la santé de notre corps. La vie humaine dépend d’une décision de notre volonté. Pour vivre, je dois choisir Celui qui est la vie, m’attacher à lui, écouter sa voix, l’aimer de tout mon cœur. Cette décision libre qui nous donne la vie s’appelle la FOI.
C’est ce qu’écrit l’apôtre saint Jean dans sa première lettre : « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est en son Fils. Qui a le Fils a la vie ; qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. Je vous ai écrit tout cela pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui avez la foi au nom du Fils de Dieu. » (Un 5,11-13)
Pour entrer dans la terre promise, c’est-à-dire pour recevoir en héritage une nouvelle nature humaine recréée par l’alliance établie avec le vrai Dieu, le peuple doit choisir de mettre sa confiance dans le Seigneur son Dieu, de l’écouter et de suivre ses commandements.
Après la traversée des 40 jours de Carême, nous arrivons au seuil de la Semaine sainte, et nous devons renouveler la foi de notre baptême. Choisir d’aimer le Christ Crucifié, c’est lui permettre de réaliser en nous son œuvre de sanctification : lorsque nous nous approchons de Lui dans le sacrement du pardon, nous choisissons de recevoir la vie de notre âme. Seul le sang de Jésus peut délivrer nos âmes des péchés, seul le sang de Jésus peut communiquer à nos âmes le feu de la divine charité.
« Choisis donc la vie » nous dit Jésus ressuscité d’entre les morts, en nous montrant ces mains transpercées et son côté ouvert par la lance. « Cesse d’être incrédule, deviens un homme de Foi » (Jn 20,27). Frères et sœurs, répondons avec Thomas à l’appel du Seigneur et choisissons de mettre toute notre Foi en Jésus, mort et ressuscité pour nous. En devenant des hommes et des femmes de foi, nous recevrons en nous la puissance du Christ ressuscité et nous apporterons au monde l’évangile de la vie.
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Nous entrons ce mercredi 2 mars dans le temps du carême, un temps privilégié pour redécouvrir le cœur du mystère de notre Foi : la mort et la résurrection de Jésus Christ. « Par le baptême, en sa mort, nous avons été ensevelis avec lui, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle. Car si nous sommes devenus une seule plante avec lui par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable. » (Rm 6,4-5) Voilà le programme de notre temps de Carême : nous unir totalement à la mort et la résurrection du Christ pour devenir avec lui « une seule plante ».
Pour participer pleinement à sa victoire sur les péchés et sur la mort, Jésus nous appelle à une nouvelle conversion. Par le baptême, nous avons été greffés au Christ pour avoir part à la richesse de sa grâce (Rm 11,17) et cette greffe est pour nous le début de notre retour à Dieu, le principe de notre conversion, la source de la vie nouvelle. En plus de cette conversion fondamentale qu’est le baptême, l’Église nous appelle chaque année à vivre une seconde conversion. « Cette seconde conversion est une tâche ininterrompue pour toute l’Église qui “enferme des pécheurs dans son propre sein” et qui “est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et qui poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement” (LG 8). Cet effort de conversion n’est pas seulement une œuvre humaine. Elle est le mouvement du “cœur contrit” (Ps 51, 19) attiré et mû par la grâce (cf. Jn 6, 44 ; 12, 32) à répondre à l’amour miséricordieux de Dieu qui nous a aimés le premier (cf. 1 Jn 4, 10). » (CEC no 1428)
Je vous propose donc de vivre ce temps du carême en contemplant le Christ crucifié qui nous révèle l’amour miséricordieux de notre Dieu et de nous laisser attirer par lui, de le laisser induire dans notre cœur le mouvement de la contrition : « Seigneur, prends pitié de nous ». Concrètement, je vous propose de poser sur votre table de chevet une belle croix ou une belle image du Christ crucifié. Chaque jour, vous prendrez le temps de le regarder en silence puis vous pourrez prier avec ces premiers versets du psaume 102 :
« Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse. »
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
Dans le jardin d’Eden, Adam et sa femme ont fait confiance à la parole du serpent plus qu’à la parole de Dieu. La ruse du serpent est simple : mettre le doute et donner de faux espoirs. Le serpent fait croire que la parole de Dieu n’est pas vraie, il laisse penser qu’il suffit de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal pour devenir comme des dieux. Après avoir mangé de cet arbre, Adam et sa femme se découvrent nus et ils en éprouvent de la honte (Gn 2,25 et 3,7) ; ils ont perdu la communion qui les unissait, ils entrent dans la peur du jugement de l’autre, ils se protègent l’un de l’autre. De plus, lorsqu’ils entendent la voix du Seigneur, ils se cachent loin de sa face (Gn 2,8) parce qu’ils ont peur (Gn 2,10) ; ils ont perdu la communion qui les unissait à leur Créateur, ils s’éloignent de Dieu parce qu’ils ne croient plus en sa bonté.
Le péché originel a brisé la relation de confiance avec Dieu, il a introduit la division dans l’humanité. Cet esprit qui transforme l’autre en ennemi est présent dans notre société. On exalte les divisions entre les personnes en fonction de leur religion, de leurs opinions politiques, de leur orientation sexuelle, et aujourd’hui en fonction de leur statut vaccinal. En tant que chrétien, il est de notre devoir de refuser cette identification simpliste des personnes (les bonnes personnes qui pensent comme nous et les mauvaises personnes qui ont des avis différents) qui conduit à des disputes, à la division et parfois même à la haine.
L’Église est une partie de l’humanité rassemblée par Jésus notre Sauveur ; nous venons de milieux sociaux différents, nous avons des héritages familiaux différents, nous interprétons différemment le monde qui nous entoure, mais nous savons que nous sommes unis parce que nous partageons la même nature humaine, nous sommes tous créés à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1,27). C’est en Jésus que notre humanité retrouve la vie de communion, c’est parce que nous prions ensemble le « Notre Père » que nous pouvons vivre comme des frères. Jésus nous unit dans l’Eucharistie, il fait de nous son Corps qui est l’Église : « Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. » (1Co 12,25)
Frères et sœurs, notre vocation est de travailler à la réconciliation de l’homme avec Dieu et des hommes entre eux ; nous devons favoriser la communion. Nous devons écouter la parole de Dieu et non faire confiance aux paroles qui sèment la méfiance, la peur et la division. « Vous donc, les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés, revêtez des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience ; supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement… Et puis, par-dessus tout, la charité, en laquelle se noue la perfection. » (Col 3,12-14)
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
La semaine passée, j’ai eu la joie de rencontrer tous les élèves de l’école et du collège Saint-Charles. En ce temps de l’Avent, je suis allé annoncer la Bonne Nouvelle de la venue de Dieu sur notre terre à ces enfants et à ces jeunes qui, pour beaucoup, ne connaissent pas le mystère de Noël. Ils sont un peu comme les enfants de Bethléem à l’époque de Jésus : ils ne savent pas que le Créateur du ciel et de la terre a dressé sa tente dans leur village. Pour aller avec les bergers adorer le Divin Enfant, ils ont besoin de la parole des anges qui annoncent : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur ! »
Nous sommes aujourd’hui les messagers de Dieu, les anges de ce grand mystère. Nous voulons comme les anges que notre Dieu soit reconnu, adoré et aimé. Nous voulons que les hommes, les femmes et les enfants reçoivent la joie de la connaissance de notre Dieu et c’est pour cela que nous devons réveiller les consciences par notre foi et par notre joie.
Nous entrons aujourd’hui dans le troisième dimanche du temps de l’Avent, le dimanche de Gaudete : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ». Les anges de Bethléem habitent cette joie divine et nous aussi, nous pouvons y entrer. Nous entrons « dans la joie du Seigneur » lorsque nous reconnaissons notre Dieu dans l’Enfant Jésus couché dans la crèche. Nous entrons « dans la joie du Seigneur » lorsque nous reconnaissons notre Dieu dans l’Hostie consacrée par le prêtre et déposée sur l’autel. Nous entrons « dans la joie du Seigneur » lorsque nous découvrons sa présence, sa proximité. Il n’est pas loin de nous, il est là !
Les enfants et les jeunes attendent de notre part une parole de Foi ; ils attendent des adultes qui sont fiers d’être chrétiens, fiers de tomber à genoux devant le Divin Enfant de la crèche, devant le Dieu présent dans le Saint Sacrement. Frères et sœurs, en ce temps de l’Avent, guidons petits et grands à la rencontre du Sauveur.
Prions en ces derniers jours de l’Avent avec cette belle prière : « Sainte Mère du Rédempteur, Porte du ciel toujours ouverte, Étoile de la mer, viens au secours du peuple qui tombe et qui cherche à se relever. Tu as enfanté, ô merveille ! Celui qui t’a créée, et tu demeures toujours Vierge. Accueille le salut de l’ange Gabriel et prends pitié de nous, pécheurs. »
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs,
L’année liturgique touche à sa fin, nous approchons de la solennité du Christ-Roi qui constitue l’achèvement de l’itinéraire que nous parcourons chaque année dans l’Église. Le premier dimanche de l’Avent, nous entrerons dans un nouveau cycle liturgique, nous commencerons une nouvelle année durant laquelle nous vivrons les mystères de notre foi catholique : l’attente et la naissance de notre Sauveur (25 déc.), l’Immaculée Conception (8 déc.) et la Maternité divine de la Vierge Marie (1er janv.), l’Épiphanie, la passion, la mort et la résurrection de Jésus (Semaine sainte), l’Ascension, la Pentecôte, la Sainte Trinité, l’Assomption de la Vierge Marie au Ciel (15 août), la Toussaint (1er nov.) Etc. Nous célébrons les mêmes fêtes chaque année pour nous souvenir de ce que notre Dieu Trinité a accompli pour les hommes dans le passé, mais aussi et surtout pour bénéficier aujourd’hui de ces dons que Dieu veut nous faire.
« Par la liturgie, le Christ, notre Rédempteur et Grand Prêtre, continue dans son Église, avec elle et par elle, l’œuvre de notre rédemption. » (CEC no 1069) ; et c’est « surtout dans le divin sacrifice de l’Eucharistie que s’exerce l’œuvre de notre rédemption » (CEC no 1068). Dans les sacrements et particulièrement à la messe, c’est Jésus qui agit (il pardonne, il enseigne, il offre sa vie en sacrifice et donne son corps en nourriture) et c’est aussi l’Église qui agit. Pour que les paroles de Jésus puissent être entendues, il faut qu’un baptisé les proclame de manière audible, intelligible ; lire la parole de Dieu à la messe est une action sacrée où le lecteur prête sa voix pour que Dieu puisse parler à ses fidèles rassemblés. Pour que Jésus puisse offrir son corps et son sang en sacrifice et nourrir son Église, il faut un prêtre qui lui soit consacré corps et âme.
En 2013, nous avons reçu une nouvelle traduction de la Bible en français pour la liturgie. Cette année, nous allons recevoir un nouveau missel romain qui sera utilisé à partir du premier dimanche de l’Avent. Concrètement, cela signifie que dans la célébration de la messe certaines paroles du prêtre ou des fidèles seront différentes. Nous célébrons toujours les mêmes mystères, mais les mots utilisés dans le nouveau Missel sont plus fidèles au texte latin qui fait foi dans l’Église.
Pour nous tous, ce changement sera l’occasion de redécouvrir la beauté des prières que l’Église met sur nos lèvres ; en effet, ces prières sont parfois devenues des formules dont nous ne goûtons plus le sens.
Que le Seigneur nous aide à redécouvrir la liturgie de l’Église !
P. Michaël GaborieauFrères et sœurs, le mois d’octobre s’est ouvert avec la fête de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, celui de novembre commencera avec la solennité de la Toussaint (le 1er) et la commémoraison de tous les fidèles défunts (le 2). Thérèse meurt à 24 ans, en promettant de faire tomber sur la terre « une pluie de roses » et de « passer son ciel à faire du bien sur la terre ». Comme il est bon d’entendre cette parole de sainte Thérèse, comme il est bon de contempler cette « foule immense que nul ne pouvait dénombrer » (Ap 7,9). Par la Parole de Dieu et par les paroles des saints, il nous est donné de contempler le Ciel. Que font tous les saints connus et inconnus que nous allons fêter le 1er novembre ? « Ils proclament d’une voix forte : Le Salut est à notre Dieu qui siège sur le trône et à l’Agneau. » (Ap 7,10)
Les saints du Ciel élèvent la voix pour que les habitants de la terre entendent leur louange éternelle. Nous portons leurs prénoms, ils sont nos saints patrons et ils désirent répandre dans nos vies une pluie de grâces. « Le Salut est à notre Dieu », proclament-ils. Ne cherchez pas votre bonheur en dehors de notre Dieu et de son Fils qui s’est immolé comme un Agneau sur l’autel de la croix. Par la foi, nous participons déjà à cette liturgie céleste ; à la messe, nous proclamons qu’il n’y a pas d’autre Sauveur que Jésus, le Fils unique du Père qui a pris chair dans le sein de la Vierge Marie et qui vient à nous dans le Sacrement de l’Eucharistie.
Fêter tous les saints du Ciel nous rappelle le but de notre vie sur la terre : nous sommes faits pour entrer dans la vie éternelle, pour communier à la vie de notre Dieu Trinité qui est Amour. Écoutons la petite Thérèse qui cherchait sa mission dans l’Église. « Je compris que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang… Je compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… ; en un mot, qu’il est éternel ! … Alors, dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écriée : Ô Jésus, mon Amour… ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour ! … » (Lettre à Sr Marie du Sacré-Cœur 8 sept. 1896).
Redisons avec Thérèse que « ma vocation, c’est l’amour ». Aimer Dieu plus que tout et aimer nos frères comme nous-mêmes, les vivants et les morts. C’est pourquoi nous devons prier pour nos chers défunts qui sont peut-être au purgatoire et faire célébrer des Messes pour qu’ils entrent dans la gloire du Ciel.
Que le Seigneur vous bénisse !
P. Michaël Gaborieau
Frères et sœurs, je suis heureux d’écrire ces quelques mots qui vous sont adressés à vous, chers paroissiens qui fréquentez l’église chaque dimanche ou qui habitez simplement sur les communes de notre groupement paroissial. Durant six années, le père Blot a été votre curé, pour la plus grande gloire de Dieu et pour la sanctification du peuple de Dieu qui lui a été confié. Avec vous, je tiens à rendre grâce à Dieu pour son sacerdoce : pour toutes les Messes qu’il a célébrées dans vos églises ou dans les maisons de retraite, pour tous les enfants et les adultes qui ont reçu la grâce du baptême par ses mains, pour toutes les âmes qui ont été lavées de leurs péchés dans le sacrement du pardon, pour tous les couples qui ont reçu le sacrement du mariage et pour tous les malades qui ont reçu ses visites et le sacrement qui les a aidés à traverser leur épreuve ou les a conduit à la vie éternelle. Il y a quelques mois, vous avez célébré son jubilé, 25 ans d’Ordination, et dans le dernier numéro de Paroiss’info, il vous témoignait de sa joie de vous retrouver chaque semaine pour la Messe dominicale. Rappelez-vous de ses mots : « l’homme a besoin de Dieu, sinon il reste privé d’espérance ».
Aujourd’hui, le Seigneur Jésus m’appelle par la voix de notre évêque à servir comme curé du groupement paroissial de Châtillon-sur-Chalaronne. C’est une belle mission qui m’est confiée : prendre soin de vous, prier avec vous et pour vous, vous donner la nourriture dont votre âme a besoin par la prédication de la Parole de Dieu et par la célébration des sacrements. Au cœur de mon ministère de prêtre, il y a la célébration de la Messe à laquelle je vous convie le plus souvent possible. Elle est notre vie. Comme l’écrivaient les pères du Concile Vatican II : « Participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, les fidèles offrent à Dieu la victime divine et s’offrent eux-mêmes avec elle. » (Lumen Gentium no 11)
En attendant de faire votre connaissance, je vous souhaite un bon début d’année scolaire, aux enfants et à leurs parents, aux grands-parents, aux personnes célibataires ou veuves, et à tous les malades.
Que le Seigneur vous bénisse !
P. Michaël GaborieauEn 25 ans de sacerdoce, combien de fois je me suis réjoui d’une assemblée fidèle à la célébration de la messe du dimanche. Elle n’a jamais manqué. Elle était là, prête à recevoir son Seigneur. J’ai toujours pensé que la raison en était surnaturelle. « Pourquoi viennent-ils ? » Souvent, je me le demandai. La réponse la plus classique est la foi, mais elle a besoin d’être développée.
Il existe dans le cœur de l’homme une attente à laquelle l’espérance chrétienne apporte une réponse crédible. Cette attente est d’ailleurs très vive chez ceux qui souffrent ou ont été fragilisés. Ce que le Christ donne, le monde laissé à lui-même est incapable de l’offrir. St Paul rappelle aux Éphésiens que, avant leur rencontre avec le Christ, ils étaient « sans espérance et sans Dieu dans le monde. » Ils se trouvaient devant un avenir sombre. Au contraire, le Christ apporte aux chrétiens un avenir et, de ce fait, le présent devient alors vivable et plein de promesses. L’Évangile est une Bonne Nouvelle qui produit l’espérance et qui change la vie. Celui qui a l’espérance chrétienne vit différemment. Une vie nouvelle lui est déjà donnée.
Le chrétien sent, de manière plus ou moins confuse, que les progrès fantastiques de l’ère moderne ouvrent des possibilités illimitées. Ils créent cependant de nouvelles dépendances et peut-être une menace pour l’homme et le monde. Ils sont source d’inquiétudes, voire d’angoisses. Alors qu’il y a trente ans, progrès et espérance pouvaient se confondre dans l’esprit de beaucoup, voilà que l’illusion de cette confusion, que l’Église a toujours dénoncée, s’évanouit. La présence des paroissiens, le dimanche, affirme une réalité irréductible au progrès scientifique et cachée au plus profond des cœurs : l’homme a besoin de Dieu, sinon il reste privé d’espérance. Il y a une illusion de croire que le monde moderne rachètera l’homme. L’homme est racheté par l’amour divin révélé dans le Christ. L’être humain a besoin de l’amour absolu, inconditionnel de Dieu. C’est ce que signifie l’expression : « Jésus-Christ nous a rachetés ». Elle est pleine d’espérance.
Notre paroisse rassemble. Elle peut paraître restreinte au regard de la population. Nous sommes comme dans les temps apostoliques : une église petite, mais non isolée. Elle se sait responsable de tous. Tous ceux qui sont à la recherche d’un Dieu unique et attendent l’accomplissement d’une promesse peuvent y trouver un espace. Elle attire à des degrés divers ce que les Actes des Apôtres appellent les « craignant-Dieu », des personnes qui ne se sentent pas capables, pour l’instant, de s’identifier totalement à l’Église, mais qui peuvent s’y rattacher. Cette conscience d’être ouvert sur la totalité de la société est constitutive de toute paroisse et appartient à l’espérance chrétienne : le Christ sauve le monde. « Va ta foi t’a sauvé », dit Jésus. Voilà une belle expression de l’espérance chrétienne qui résume pourquoi une assemblée chrétienne célèbre son Seigneur dans la sainte Eucharistie.
P. Dominique BlotLa fête de la Pentecôte commémorait l’Alliance du Sinaï et le don de la Loi. C’est ce jour que choisit l’Esprit Saint pour se donner à l’Église naissante, en particulier aux Apôtres. Ce n’est plus seulement pour Jésus que les paroles du prophète Isaïe sont prononcées : « L’Esprit du Seigneur est sur moi. », mais c’est pour toute l’Église, jusqu’aux plus humbles de ces membres. Désormais, les chrétiens vivent sous une loi nouvelle, celle de l’Esprit Saint qui est l’esprit du Christ agissant en tous ceux qui ont foi en lui. Certains l’appellent « l’inconnu au-delà du Verbe » : c’est lui qui introduit l’humanité dans l’immense espace de la divinité que Jésus nous a ouvert, là où l’Esprit Saint souffle et nous entraîne jusqu’à la fin des temps, et même au-delà.
Multiple est l’action exercée par le Saint-Esprit dans la vie chrétienne. Il nous habite, nous divinise, nous purifie, nous anime, nous fait prier et nous dirige. Les images bibliques propres à l’Esprit Saint sont de deux espèces. Les premières sont des images de mouvement : le jaillissement, l’eau vive, le vent, la flamme, la colombe, la tension du Fils vers le Père, car, dans l’Esprit Saint, nous osons dire Père. Mais il existe aussi les images qui expriment la plénitude : l’océan, l’aigle qui plane, la chaleur, l’imprégnation, la joie, la demeure, l’intériorité, les grands espaces. Les premières expriment le dynamisme et les secondes, la paix et la présence de Dieu.
L’Esprit Saint est à l’œuvre partout et d’abord dans le chrétien. Il est la nouveauté créatrice qui ne s’explique pas par le passé, mais par un futur qui n’est pas encore là, mais dont nous pouvons déjà discerner les prémisses du renouveau. Certes, il peut sembler difficile d’être chrétien à regarder seulement la situation actuelle, mais ce seul regard humain sur la condition chrétienne est faux. Animés par l’Esprit du Seigneur, Dieu nous apparaîtra proche, notre voisin deviendra notre prochain, le Christ sera notre présent, l’Évangile nous sera une lettre vivante, l’Église sera notre maison, le culte sera un accueil du Dieu vivant et vrai et l’agir chrétien sera une morale pour rendre à l’homme sa dignité d’enfant de Dieu.
Trop souvent, nous avons l’impression de ramer à la force des poignets et de constater que notre barque se laisse envahir par des tas de problèmes ou de questions dont nous n’arrivons pas à trouver la réponse. Mais pour progresser dans la vie chrétienne, il suffit que le vent souffle dans les voiles. La Tradition chrétienne appelle les dons du Saint-Esprit ces voiles qui permettent aux disciples du Christ de profiter pleinement des motions de l’Esprit. Elles fonctionnent aussi comme des radars, des antennes très fines qui permettent aux chrétiens de capter les « messages » de l’Esprit Saint.
Cela suppose d’être à l’écoute de ce Maître intérieur qui enseigne sans bruit et qui ne se révèle qu’aux cœurs humbles. Que la Vierge Marie, sanctuaire de l’Esprit Saint, nous enseigne à accueillir le Paraclet, promis par le Christ.
P. Dominique BlotLes premiers mots du Ressuscité le soir du dimanche de la Résurrection sont « Paix à vous. » Ils font écho à la promesse que le Christ a faite à ses apôtres le soir du Jeudi Saint : « Je vous laisse la paix ; c’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. » (Jn 14,27) Ils contrastent avec la peur qui habite les apôtres dans cette pièce aux portes et fenêtres fermées. Voilà la véritable Pâque ! Comme à la nuit de l’Exode, pendant laquelle les Hébreux avaient fermé leurs portes et étaient sous la protection du sang de l’agneau par peur de l’Ange de la mort qui passait en Égypte, de même voilà que le véritable Agneau apparaît, côté ouvert, mais sans que soit brisé aucun de ses os. Il ne s’agit pas d’un fantôme, mais d’une humanité sauvée jouissant de l’éternité et de l’ubiquité qui rend Dieu omniprésent. Les Apôtres comprennent avec stupeur que le Christ est désormais toujours avec eux, mieux encore : Il demeure avec eux et il ne les quittera plus… il ne quittera plus jamais ses amis. Le Christ est créateur de paix, la véritable paix.
L’Église primitive a toujours vu derrière le terme paix le mystère de l’Eucharistie. Jésus crée dans le Cénacle un espace de paix, comme en chacune de nos saintes Eucharisties. Jésus nous conduit vers lui dans la communion à son corps et nous fait entrer dans l’espace de son amour. Et en nous nourrissant du même pain, il fait de nous des frères et des sœurs pour instaurer la paix de son Royaume. L’Eucharistie, c’est la paix, don du Seigneur.
On ne mesure pas la portée politique de la paix apportée par le Christ ressuscité. Le Christianisme a apporté une contribution spécifique au concept de « paix » qui se comprend souvent dans le monde, comme une absence de guerre, ce qui est insuffisant et illusoire. La paix donnée par le Christ est beaucoup plus une communion. Dans l’Antiquité, la paix du Christ propagée par l’Église fut une révolution silencieuse qui réconciliait les esclaves et les hommes libres, les Grecs et les barbares, les juifs et les païens. Ceux qui étaient séparés dans la société étaient unis dans un seul et même homme et un même corps, le Christ. Cette paix fut un espace d’hospitalité inconnu jusque là, dépassant les frontières. À partir du Ve siècle, les monastères bénédictins qui essaimèrent par centaines dans toute l’Europe étaient connus (et le sont encore) pour donner hospitalité à tous et sur le fronton de leurs monastères le visiteur pouvait voir Pax, leur devise. Ils ont été édifiés à une époque de grande transformation, de grandes fractures culturelles provoquées par la migration des peuples et aussi de grande violence. Ils furent des espaces de paix, certes fragiles contre la violence des hommes, mais bien réels et qui ont façonné une culture de la paix.
Sous de nombreux aspects, la situation actuelle n’est pas si différente. À la violence des hommes, l’Église oppose au moyen de ses paroisses, ses institutions, des familles chrétiennes, ce qui appartient en propre au chrétien : la paix du Christ ressuscité.
P. Dominique BlotÀ la vigile pascale, le peuple rassemblé autour de la lumière du Christ ressuscité professe à nouveau la foi baptismale, en deux parties bien distinctes, sous la forme de deux fois trois questions : L’une concerne le rejet du mal (« oui, je le rejette ») et l’autre l’adhésion à la foi chrétienne (« oui, nous croyons »). Pourquoi ce questionnement ? Il suffirait de prononcer le symbole des Apôtres tous ensemble, comme à la messe du dimanche. En fait, la forme du dialogue nous indique que le contenu de la foi ne nous appartient pas et qu’il nous est donné par Dieu. Ainsi, la renonciation à Satan est impressionnante. Mise sous forme de questions, elle met en évidence que le mystère du Mal précède chacune de nos existences et que le Christ, dans la lumière de sa Résurrection, manifeste la présence du Mauvais. Elle renvoie aussi à la septième demande du Notre Père, « Délivre-nous du Mal ». Il existe un mystère du Mal qui cherche à engloutir l’homme, tout en faisant tout pour se faire oublier afin de mieux agir. Et à la Vigile de Pâques, comme dans la prière du « Notre Père », la liturgie nous force à nommer le Mal sous la lumière supérieure de la foi pour qu’avec la force du Christ, nous soyons capables de le dominer. « Si vous avez de la foi gros comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne : Déplace-toi d’ici à là, et elle se déplacera, et rien ne vous sera impossible. » (Mat 17,20)
Que signifie pour nous chrétiens qui sommes au XXIe siècle cette renonciation à Satan dans un monde où les différences s’amenuisent, où tout finit par se ressembler jusqu’à ne plus avoir de personnalité propre. Nous vivons dans une société où règne en maître le relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif. La Renonciation à Satan devient alors un antidote puissant, puisqu’en nommant clairement l’adversaire, le chrétien sait, sous la lumière de Dieu, quel combat mener. Or ce qui caractérise la modernité actuelle est justement le relativisme qui nous immerge constamment dans le flou, le provisoire, l’indifférenciation, dans ce qu’un sociologue a appelé de manière juste, « une société liquide » qui ne trace aucun objectif ni aucune ligne d’arrivée. À cela, la profession de foi baptismale oppose un non résolu au Mal et une foi pleine d’espérance en Dieu. Le chrétien refuse d’être immergé dans ces eaux troubles du mal. « De mer, il n’y en aura plus » (Ap, 21) nous dit Dieu en nous décrivant la Jérusalem Céleste.
Notre foi a besoin d’être exprimée clairement sinon elle s’affadit et finit par mourir dans ce monde qui ne demande qu’à la diluer. La renonciation à Satan nous engage dans un combat que le Christ a déjà gagné et qui sera manifeste à la fin des temps. Cette renonciation à Satan, comment la concrétiser dans nos vies quotidiennes ? La liturgie nous donne deux indications : en premier lieu, il faut « fuir ce qui nourrit le péché », les paroles, les images, les comportements qui abondent dans le sens du mal. En second lieu, le chrétien doit faire se risquer à « l’objection de conscience » auquel il a droit quand la société demande, voire commande, au chrétien de coopérer à des actes qui, bien qu’admis par la législation civile, sont contraires à la loi évangélique.
P. Dominique BlotLes moyens techniques de communication et de médiatisation investissent la sphère individuelle, familiale ou sociale, et il faut le dire, avec le consentement plus ou moins conscient des populations. Qui n’a pas entendu, dans des émissions de télé-réalité, des personnes déballant leur vie intime avec la complicité de tout un système heureux de pouvoir donner en pâture les péripéties de pauvres histoires humaines ? Qui n’est pas étonné, de voir dans telle ou telle affaire, les réseaux sociaux se transformer en une juridiction définitive alors même que la justice n’a pas encore œuvré ? C’est au point que le monde de la communication semble vouloir se substituer à la réalité, soit en en conditionnant la perception, soit en en manipulant la compréhension. Ces jugements téméraires, ces atteintes à l’honneur d’autrui, ces transferts de courriels à tout va et dont les informations ne sont pas vérifiées, sont des atteintes graves à la vie sociale et personnelle. Les espaces où une parole libre et confiante pourra être donnée sans être manipulée et divulguée sont maintenant bien fragiles.
L’Église en défendant envers et contre tout le sceau sacramentel de la confession ne défend pas seulement le sacrement, mais aussi la dignité humaine à pouvoir se confier pour être compris, guéri, connu et en fin de compte, aimé. II n’y a pas assez de place, ici, pour dire comment le secret de la confession a participé à développer une culture de la liberté en Occident parce qu’il est un espace de guérison où la vérité peut être dite en toute confiance au regard d’un jugement de miséricorde et de respect. Lorsqu’elle est pratiquée, la confession fait grandir la conscience morale du chrétien à vouloir faire le bien et à ordonner sa vie jusque dans ses aspects les plus intimes, sans que le regard de l’autre, même un proche, ne vienne se substituer au jugement de Dieu dans la conscience. C’est le lieu d’une vraie éducation à être vrai tout en étant libre, parce que secret.
Voilà pourquoi le confesseur ne peut pour aucune raison trahir en quoi que ce soit un pénitent, fût-ce au prix de sa vie. Il peut même jurer ne pas savoir ce qu’il sait comme ministre de Dieu. Il lui est défendu aussi d’utiliser des connaissances acquises en confession. En effet, le prêtre prend connaissance des péchés, non pas « comme homme, mais comme Dieu », car il agit dans la personne du Christ. Cela va si loin que le sceau sacramentel lie le confesseur à qui il est interdit de se souvenir volontairement de la confession ou même de parler du contenu de la confession avec le pénitent lui-même en dehors de l’acte sacramentel. Ce sceau sacramentel déborde aussi sur toute confidence personnelle que le prêtre se verra confier en dehors de l’acte de la confession.
Le temps du Carême qui vient nous aidera à discerner quelles sont les paroles ou les médias qui font le bien à l’instar des paroles de l’absolution qui remettent debout la personne pardonnée et à rejeter les autres : « Vous avez été appelés à la liberté. Que cela ne se tourne pas en prétexte pour la chair. Mais si vous vous mordez et vous vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous allez vous entre-détruire. » (Gal 5,13-15)
P. Dominique BlotChers paroissiens,
Vous avez de nouveau entre les mains une feuille paroissiale, en espérant que ce qu’elle prévoit se réalise. Il faut s’adapter aux circonstances et bien des réunions paroissiales ont déjà lieu le samedi, car il y aura un couvre-feu dans la période qui suit le 15 décembre.
La fête de Noël est proche. Les circonstances dues au confinement induisent des comportements de repli sur soi, voire d’égoïsme. Il faut combattre cela. En plus, ils procurent chez les personnes qui en sont sujet des états de démoralisation, voire dépressifs. Dans ce cas, rien de tel que de sortir de chez soi et regarder ce que je peux partager et avec qui. Une proposition vous est faite pour que vous puissiez apporter un repas à une personne seule, en allant la lui porter, le soir ou le jour de Noël. C’est une manière d’exprimer que nous voulons vivre un Noël différent et pour lequel l’espérance chrétienne est plus forte que la peur.
L’homme contemporain porte une blessure dont il est à peine conscient. C’est la crise de la vérité. Voilà des siècles qu’un défilé ininterrompu de systèmes philosophiques et d’idéologies a fini par plonger l’homme dans le scepticisme, la perplexité qu’il finit par être désabusé. « Où est la Vérité ? » La question de Pilate est devenue la nôtre, mais elle peut aussi s’énoncer ainsi : « Qui dit la vérité ? » L’homme est fatigué, las de poursuivre son chemin et il se replie sur ses petites certitudes glanées au fil des sites internet lus hâtivement. Mais qui dit vrai ? L’homme a besoin d’un point d’ancrage. Car notre mal, ce n’est pas seulement le froid, mais encore les ténèbres. Je ne sais pas si Jésus a eu froid la nuit de sa naissance, mais il a apporté une lumière merveilleuse. Pour l’homme contemporain, à quoi sert-il d’être au chaud s’il est dans les ténèbres ? Il a perdu son âme ; le monde est devenu froid. Lorsque le Père s’en va, les enfants ont froid. Quand Dieu disparaît, les hommes cherchent d’autres sources de chaleur. Mais où les trouver ? Que Dieu s’en aille et nous voici en plein hiver. Les confinements successifs nous ont fait prendre conscience que la participation à la liturgie chez les catholiques (et les orthodoxes) est consubstantielle à leur foi. Elle leur apporte la chaleur de la grâce de Dieu, celle d’une communauté et l’expression d’une foi qui les enracine dans le Seigneur. J’espère qu’ensemble nous pourrons nous émerveiller de cette vérité divine : la venue de l’Enfant, de l’Emmanuel, « Dieu avec nous ».
P. Dominique BlotC’est le titre donné à la Vierge Marie par les Pères de l’Église « le secret du Roi ». Le Verbe s’est fait chair en Marie en qui le secret de Dieu se découvre. Jusqu’au « oui » de la Vierge, le secret était bien caché. Dieu était incompréhensible, inaccessible, invisible. Trop souvent, l’homme se faisait de Dieu une image fabriquée ou une idole. Dieu a voulu qu’on le comprenne, qu’on le voie. C’est pourquoi le secret de Dieu est descendu dans une œuvre de paix et d’amour, Marie. Il a dévoilé son secret en tout premier à la Vierge : Le Verbe s’est fait chair.
À ce titre, elle connaît intimement les secrets du cœur de son Fils et comment ils se réalisent dans l’histoire du monde. Du 1er mai au 13 octobre 1917, la Sainte Vierge apparaît à Fatima. Elle communique trois secrets. Le pape St Jean Paul II les a rendus publics, assortis d’un commentaire. (cf. sur le site du Vatican Le Message de Fatima). Lucie, une des voyantes, précisait que, si elle avait reçu ces messages de Notre Dame, seule l’Église avait l’autorité pour les interpréter.
L’appel à la pénitence et à la prière est central dans le message de Fatima dont le triple cri : « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence » résonne à nos oreilles et fait écho à celui du Baptiste : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». Les paroles de la Vierge mettent aussi en évidence que l’histoire n’est pas soumise à un déterminisme implacable. De ce point de vue, le christianisme est différent de l’Islam pour qui tout est écrit d’avance et pour qui le destin de chaque homme est indissociable de son existence : « Chacun porte sa destinée attachée à son cou », affirment bien des textes arabes. Dans le christianisme, l’histoire de la liberté humaine reste toujours à écrire et le destin de chaque homme, voire de chaque société n’est pas rédigé d’avance, de manière inexorable. L’ensemble des secrets de Fatima est un appel dramatique à la liberté de l’homme pour qu’il change son comportement et que le cours de l’histoire en soit renouvelé. Le second, par exemple, concernait la tentative d’assassinat de Jean Paul II, le 13 mai 1981, et si le pape a échappé à la mort, c’est un signe que la prière et la pénitence peuvent influencer le cours des évènements. Rien n’est écrit d’avance dans le déroulement de l’histoire et de nos histoires, sauf que le Christ est déjà vainqueur et que le péché, finalement, ne fait pas obstacle à la toute-puissance de Dieu. La Vierge Marie a reçu de Dieu une mission privilégiée :
« Mon Cœur immaculé triomphera ». (…) Le fiat de Marie, la parole de son cœur, a changé l’histoire du monde, (…). Le Malin a du pouvoir sur ce monde, nous en faisons continuellement l’expérience ; il a du pouvoir parce que notre liberté se laisse continuellement détourner de Dieu. Mais, depuis que Dieu lui-même a un cœur d’homme, la liberté pour le mal n’a plus le dernier mot « Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance ; moi je suis vainqueur du monde ». Le message de Fatima nous invite à nous fier à cette promesse (Benoît XVI).
P. Dominique BlotLa culture ambiante a du mal à situer l’homme dans l’échelle des êtres. Comme elle refuse de le placer face à son Créateur, elle prend alors son repère sur ce qui semble le plus proche de lui : l’animal. Là, deux conceptions actuelles s’affrontent : le transhumanisme et l’animalisme. Toutes deux, d’origine athée, bénéficient de lobbies colossaux qui influent sur les décisions qui concernent notre avenir. Un seul exemple le montre : la dernière loi de bioéthique, votée en première lecture, permet la création de chimères animal-homme et autorise le transfert de l’embryon chimérique chez la femelle. Les raisons en sont purement d’ordre pratique en ouvrant un champ d’expérimention et de rentabilité financière inédit. La barrière naturelle entre les espèces est rompue.
Le trans-humanisme se reconnaît à l’expression « depuis toujours ». Depuis toujours, l’être humain est dépendant de sa condition où la nature l’a mis. L’homme est depuis trop longtemps un animal. Il faut le libérer de l’animalité qui lui est propre : la naissance, les maladies, les infirmités, le vieillissement, la mort. Il ne s’agit pas d’une libération politique, celle-ci a vécu. Mais d’une libération technique et scientifique pour satisfaire le seul désir individuel de vivre à tout prix. On parle ainsi de « post-humain » dont les fonctions vitales seront assurées non plus par les organes naturels, mais par des prothèses artificielles au rendement illimité ou par des prothèses issues de ces chimères autorisées par la loi précitée. Dans cette folie du « toujours plus », le « post-humain » n’en aura jamais assez et ne vivra jamais assez longtemps pour voir la réalisation de ses caprices.
L’animalisme, lui, est un mouvement très bien organisé, parfois appuyé par des organisations violentes. Le véganisme en fait partie. C’est une idéologie qui attire beaucoup ceux qui sont en mal de combat politique. Il considère que l’homme est un prédateur. Pour faire court, les animaux subissent la loi des hommes. Il faut les en délivrer. Un jour, l’élevage de poulets et de canards sera aussi haï que l’esclavage. On parle de « libération animale » comme on discutait naguère de « libération des peuples ». Le chien n’est plus le meilleur ami de l’homme, c’est son esclave le plus docile. Il faut fonder une nouvelle communauté politique où animaux et hommes seront libres et égaux. Ainsi, les animaux bénéficieront du statut juridique de la personne.
Le refus qu’il existe une nature humaine entraîne de grandes confusions qu’il serait trop long ici de décrire. Souvent avec emphase, beaucoup parlent de dignité humaine, mais refusent dans le même temps de reconnaître qu’il existe une nature humaine. Or ils sont incapables de justifier le fondement de cette dignité de l’homme. Ne tombons pas dans la tentation d’abaisser notre propre nature ni dans celle de faire de nous des dieux immortels. L’homme n’est pas un être étranger parmi les êtres naturels, encore moins vis-à-vis de Dieu. C’est dans le face-à-face avec Lui que nous découvrons qui nous sommes. C’est Lui qui nous situe exactement là où nous devons être.
P. Dominique BlotEn février 2020, le Sénat a adopté le projet de loi bioéthique qui ouvre la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes. Il va maintenant retourner en seconde lecture devant l’Assemblée nationale. Il s’agit de la seconde phase d’une nouvelle législation qui a commencé par la loi sur le mariage (pour tous) (I) pour finir plus tard par l’euthanasie (pour tous) (III). Elle concerne ici la loi sur la filiation, sur le droit à l’enfant (pour tous) (II). Ainsi, se met en place un corpus législatif qui légifère, en trois moments, des changements de société profonds et durables dont on ne mesure pas encore les conséquences dans les familles et la psychologie de l’enfant.
Jusqu’à présent, sauf en cas d’adoption, les père et mère de l’enfant étaient à la fois géniteurs et éducateurs selon une complémentarité biologique, psychologique et morale des parents. Or, en introduisant la P.M.A. comme moyen normal et non plus exceptionnel de génération, interviennent dans la venue d’un enfant au monde de multiples acteurs : le bénéficiaire de l’enfant, le donneur de gamète, les différents intervenants médicaux (5 phases de techniques de laboratoire et médicales sont nécessaires). La Gestation Pour Autrui dont on parle de plus en plus en ajoute encore une : la mère porteuse. Le législateur, conscient de la multiplicité des intervenants, décide, de manière autoritaire : « En rien, un donneur de gamètes n’est un père ». La notion de « père » est vidée de son sens puisque « la fonction de père peut être remplie par une femme ou toute autre altérité » (On se demande laquelle). Ce n’est pas le christianisme qui a inventé l’altérité entre le père et la mère ou la famille. Elle existait avant lui, comme une donnée de la nature. Mais il a toujours vu dans la filiation biologique la garante de la protection de l’enfant, de sa croissance et de son éducation humaine.
L’enfant conçu, dans les conditions nouvelles de la loi, ne peut plus se considérer, dans sa chair, l’enfant naturel de ceux qui l’éduquent. Il est d’abord un produit fabriqué. Il est inséminé selon un acte technique et anonyme qui veut remplacer l’acte conjugal des parents qui n’est plus le fondement existentiel de l’enfant. Il est sélectionné selon des critères, les enfants malformés ou présupposés tels étant mis au rebut. En fait, dans sa venue à l’existence, il est le fils ou la fille de personne, selon l’esprit de la nouvelle loi. Le lien juridique qui le lie à son « éducateur » devient purement immatériel et ne pourrait ne tenir qu’à un fil bien ténu.
Les nouvelles lois de bioéthiques entraînent une dissolution de la parentalité complémentaire du père et de la mère et aussi celle du lien filial de l’enfant avec ceux qui l’ont engendré. Mais une relation plus profonde est niée : celle du lien paternel que Dieu entretient avec chaque être humain. L’aspiration profonde à la vie viendra toujours de Dieu. Un jour, ces enfants se tourneront vers leurs soi-disant parents et se révolteront de multiples manières en leur criant : « Mais qu’as-tu fait de ma vie ? Tu croyais qu’elle t’appartenait ? Je ne serai jamais le produit de ton imagination et d’une biotechnique. Je vaux bien plus que cela. »
P. Dominique Blot« Dieu riche en miséricorde », c’est ainsi que, pendant ce temps qui nous mène à Pâques, nous redécouvrons dans le Christ le vrai visage de Dieu. En effet, alors que nous allons célébrer les jours saints, le Mystère Pascal révèle à l’homme qui il est : Aimé à tel point que le Père a donné son Fils pour lui jusque dans la mort. Aimé à tel point que Dieu lui a donné la vie par la Résurrection de son Fils. La miséricorde est une dimension si essentielle du message évangélique que l’évangile de Luc s’appelle « l’Évangile de la Miséricorde », car nous y trouvons les plus belles paraboles de Jésus sur l’amour miséricordieux. Faisons deux remarques.
La première est que la Miséricorde est indissociable de la Vie du Christ ressuscité. C’est l’évènement historique de la Résurrection qui est le point de départ de la diffusion de la miséricorde de Dieu dans l’humanité. La miséricorde de Dieu est la vie du Christ ressuscité qui pardonne, transforme, crée la Vie Nouvelle et Éternelle ouverte à tous et à chacun. Vivre du Christ Ressuscité, c’est vivre d’une manière nouvelle en abandonnant des états de péché qui rendent esclave et mettent dans l’illusion d’un faux bonheur.
La seconde est que la miséricorde est un discernement. La Croix du Christ est une révélation radicale de la miséricorde de Dieu et opère une distinction toute miséricordieuse entre le péché et le pécheur. L’un et l’autre ne sont pas identiques. Se révèle alors la justice éclatante de Dieu : le péché est vaincu, mais l’homme pécheur est sauvé. Le péché, toujours intolérable aux yeux de Dieu, n’a pas le dernier mot. Au contraire, paradoxalement, en étant vaincu, il met en lumière l’amour infini de Dieu pour chaque personne, aussi pécheresse soit-elle.
La miséricorde n’est donc pas d’abord une notion humaine, mais une notion toute divine qui nous apprend à faire la distinction entre le pécheur et le péché. C’est vrai pour soi : Dieu m’aime d’un grand amour malgré mon péché. Je peux obtenir la vie du Christ ressuscité (la grâce) si moi-même je demande à Dieu de me séparer de mon péché (sacrement de la confession). En fait, nous le désirons tous. Mais nous avons tant de mal à le faire ! C’est vrai pour le prochain : Dieu m’apprend à séparer en lui d’une part celui que Dieu aime en le respectant et d’autre part son péché. Et je le ferai d’autant plus que moi-même je suis pécheur !
Il est cependant courant de penser qu’« être miséricordieux » signifie tolérer ou accepter telle ou telle situation née du péché de l’un ou de l’autre. C’est retourner le sens même de la miséricorde divine qui ne supporte pas l’injustice. Il y a des états de vie, des parjures, des vols, des trahisons qui créent de l’injustice et des souffrances dans les couples, les familles, les mondes politique et économique et que la miséricorde de Dieu ne pourra jamais tolérer. Pour le comprendre, relisons les prophètes de l’Ancien Testament. La miséricorde divine invite chacun à pardonner très généreusement, mais cela n’implique aucunement une tolérance envers le mal, le scandale, le tort causé ou les offenses. Alors, soyons miséricordieux, mais non pas pour accepter le mal, mais pour changer ce monde avec le Christ.
P. Dominique BlotL’armée française va renforcer de 600 hommes son contingent militaire qui est déjà de 4500 soldats aux confins du Sahel, une ligne à multiples fractures sur lesquelles l’islamisme met le sel de sa violence comme sur une plaie ouverte pour que le sang coule davantage et que les divisions deviennent irréversibles. Cette région peut nous paraître loin, mais ne sentons-nous pas instinctivement que ces affrontements et ces massacres (1000 morts depuis 2015 et 600 000 réfugiés au Burkina Faso) concernent aussi notre pays ? Ceux qui sèment la violence veulent créer des situations irréversibles. St Jean Paul II qui avait tant prié pour la Bosnie, pour la fin d’une guerre (1992-1995) qui était alors à notre porte, disait que « sans un horizon spirituel, la paix n’est pas possible ».
Savons-nous aussi que sur cette ligne d’affrontement, des paroisses catholiques font face avec courage ? Nous aurons l’occasion pendant le temps du Carême qui s’annonce d’en soutenir une, la paroisse de la petite ville de Diabaly, à 160 km au nord du fleuve du Niger, position avancée de la zone de conflit actuel. C’est en rencontrant le Père Jean Toe, prêtre malien, originaire de Diabaly, que j’ai pris conscience que ces chrétiens maliens étaient les vigies de ce peuple de l’espérance dont aimait parler Jean Paul II. Le P. Jean Toe est chapelain au Sanctuaire d’Ars depuis septembre dernier. Pour mieux comprendre ce qui se passe dans son pays et témoigner de la foi de l’Église malienne, je lui ai demandé d’intervenir au cours d’une soirée, le jeudi 12 mars 2020. Le nombre de catholiques augmente au Mali. L’église de Diabaly fut saccagée en 2013 par les djihadistes et elle doit être remplacée. Nos dons aideront ces paroissiens à la construire pour que cet horizon spirituel, c’est-à-dire le Christ devienne concrètement le fondement de la paix pour ceux qui vivent à Diabaly.
Le temps du Carême est un temps de préparation pour laisser le Seigneur, médecin des âmes, guérir jusqu’à nos fractures les plus intimes, conjugales et familiales. Certains d’entre nous sont très éprouvés par elles. Je me réjouis de voir dans la paroisse des solidarités, des liens profonds qui se tissent entre vous, des groupes plus ou moins informels de prière ou autres qui se forment ou encore des amitiés par lesquelles nous sommes plus forts et persévérants. Elles permettent de nous porter, de partager. Une belle évangélisation est d’ouvrir ces cercles, ces petits groupes à ceux qui sont insatisfaits par l’inertie d’une société dramatiquement égoïste, fragmentée et divisée. Ils frappent à notre porte. Laissez-les entrer, pas seulement dans l’église, mais dans vos maisons comme vous laisseriez entrer le Christ lui-même. Méfions-nous de l’entre-soi et je prie pour que votre témoignage sincère et chaleureux les amène à découvrir la Pâque du Seigneur et la beauté de la vie chrétienne. Oui, nous sommes sensibles à toutes ces fractures lointaines ou proches causées par la violence, l’égoïsme des hommes pécheurs. Non, ces fractures n’auront pas le dernier mot. C’est lui le Christ qui est notre paix. Des deux, le juif et le païen, il en a fait une seule réalité. Par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine.
P. Dominique BlotJe ne sais pas si vous connaissez l’histoire du quatrième roi mage, car une légende dit qu’ils étaient non pas trois, mais en fait quatre. Après avoir vu l’étoile qui annonçait la naissance du Sauveur, Gaspard, Melchior, Balthazar et son jeune frère, Artaban se préparèrent en toute hâte et une magnifique caravane de dromadaires et de chevaux traversa les déserts d’Arabie et les montagnes du pays de Kush. Chacun apportait pour le nouveau-né des cadeaux qui révéleraient qui il est : l’or, car il est roi, l’encens, car il est Dieu, la myrrhe, car il est homme et un saphir, pour la lumière que cet enfant apporterait au monde.
Après avoir déjà fait un long chemin, le jeune Artaban s’aperçut qu’il avait oublié son présent, ce saphir d’une beauté extraordinaire. Maudissant son étourderie, il retourna à son palais pour aller le chercher et parcourut à nouveau le dur chemin déjà fait. Il prit beaucoup de retard. Malheureusement pour lui, l’étoile avait disparu. Mais, courageusement, il continua. C’est alors qu’il approchait de la Terre Sainte qu’il aperçut un homme allongé dans la poussière, malade, fiévreux. « Je vais arriver en retard si je m’occupe de lui, pensa Artaban, mais je ne peux pas le laisser ainsi. » Il lui donna à boire, mit de l’huile sur ses plaies, versa de l’eau fraîche sur son front. Puis il le transporta avec mille précautions jusqu’à la ville la plus proche et demanda à l’aubergiste de le soigner jusqu’à ce qu’il soit guéri, en lui donnant le splendide saphir qui était le cadeau destiné à l’Enfant.
La légende raconte en détail qu’Artaban, arrivé enfin à Bethléem, ne vit pas Jésus, mais seulement les soldats d’Hérode. Il ne retourna jamais chez lui, mais continua toute sa vie avec bien des péripéties à chercher le Sauveur.
Nous aussi, nous arrivons bien après l’évènement de Bethléem.
C’est sur son chemin qu’Artaban a trouvé Jésus en la personne de ce pauvre pèlerin : « Ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait ! » C’est sur notre chemin que nous trouverons ceux à qui Jésus s’identifie pour que nous les consolions, et leur apportions la lumière cristalline de la foi, quitte à dévier ou à retarder notre itinéraire initial. Il y a des retards et des détours qui ne sont pas des pertes de temps.
Ensuite, Artaban a poursuivi sa quête sans relâche, dans la foi que ce qu’il cherchait, il le trouverait un jour : « Celui qui aura tout quitté, maison, famille, richesses, pour me suivre, celui-là aura en récompense un trésor dans le ciel et la vie éternelle. » Acceptons que cet Enfant nous interroge et nous invite à chercher Dieu comme une quête de vie.
Un jour viendra la fin du pèlerinage où nous pourrons retrouver et adorer, dans « la maison du Pain » (Bethléem), celui qui comble tout désir et toute faim et nous serons joyeusement surpris d’y retrouver nos rois mages (3 ou 4 à chacun de voir !) et tous ceux qui se seront penchés sur l’Enfant-Jésus avec amour et l’auront reconnu maintes fois sous les traits d’un plus pauvre que lui.
P. Dominique BlotDans les actualités, nous entendons le vilain terme de « communautarisme » chez les commentateurs, les journalistes, les universitaires. De nombreux articles se sont emparés du sujet. Son emploi s’est multiplié surtout depuis les attentats de New York du 11 septembre 2001. Cependant, sa définition est incertaine et peu en sont d’accord sur les termes, ce qui donne le plus souvent des dialogues de sourds lors des débats à la télévision. Si l’on entend des journalistes ou des hommes politiques s’inquiéter du communautarisme musulman, ce sont aussi les mêmes qui ont laissé prospérer par pusillanimité ou opportunisme d’autres communautés d’un autre genre qui ont toutes la particularité d’être minoritaires, mais ont réussi par un tour de force à imposer leur point de vue à la majorité. L’enjeu est bien sûr la fragmentation de la société qui est déjà en cours, chaque communauté cherchant à imposer ses propres conceptions à l’ensemble qui en subit les conséquences.
Qu’en est-il alors de l’Église, communauté de croyants ? Est-ce que nous participons aussi à ce communautarisme parce que nous appartenons à la communauté catholique ? Au rite du baptême, le prêtre demande aux parents : « Que demandez-vous à l’Église ? » Ils répondent « la foi ». Avec parrain et marraine, ils professeront la foi de l’Église, le Symbole des Apôtres et non pas un texte arrangé ou inventé par eux. Ils mettront dans leur bouche et dans leur cœur pour le bien de leur enfant, le credo dont la profession de foi est celle de l’Église, la communauté des chrétiens. Depuis Jésus, le salut par le baptême a toujours été considéré comme une réalité non seulement individuelle, mais aussi communautaire autour de la confession de foi au Christ, Fils de Dieu, mort et ressuscité pour nous. À l’opposé, le péché est compris comme la destruction de l’unité du genre humain, sa fragmentation et sa division : Babel, lieu de confusion, de séparation et de violence.
Le catholique ne revendique pas des biens particuliers, propres à la communauté catholique. Il sait que son bien individuel est inférieur à un bien supérieur qui est lié à la vie en société : le bien commun. C’est le bien de l’homme en son entier (corps, esprit et nature) et qui est pour tous les hommes. L’exigence de la justice et de la charité qui est de vouloir le bien commun l’oblige à des choix qui sont de renoncer parfois à son intérêt particulier. Il aimera d’autant plus efficacement son prochain qu’il travaillera davantage en faveur de ce bien commun qui répond également à ses besoins réels. Il exercera son métier ou fondera une famille, non seulement pour sa satisfaction individuelle, mais surtout pour édifier la cité des hommes. Tout baptisé est appelé à vivre cette charité, selon sa vocation et ses possibilités, au service de la communauté familiale, nationale et, vu le monde globalisé actuel, au service de la grande famille humaine. Ainsi, quand elle est inspirée par l’amour de Dieu, l’action du chrétien contribue à l’élaboration de la Cité de Dieu vers laquelle avance l’histoire de notre humanité.
Non, l’appartenance à la communauté catholique n’a rien à voir avec le communautarisme.
P. Dominique BlotNous venons de fêter Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, ce premier octobre. Comment ne pas nous souvenir de la découverte bouleversante que fit la petite sainte normande lorsqu’elle trouva sa place dans l’Église. Il ne lui restait plus qu’une année à vivre. Elle avait un tel amour de Dieu qu’elle aurait voulu être toutes les vocations à la fois, ce qui était impossible : « Considérant le corps mystique de l’Église, je ne m’étais reconnue dans aucun des membres décrits par Saint Paul, ou plutôt je voulais me reconnaître en tous… La Charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un cœur… ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour ! » Or un des deux termes importants de cette découverte est le mot « vocation ».
Qu’est-ce que l’Église ? Elle est un peuple convoqué et rassemblé par le Seigneur pour répondre à l’appel (vocatio) de l’amour de Dieu. Les états de vie dans l’Église sont tous des réponses à l’appel universel de communiquer l’amour du Père révélé par le Christ. L’origine de l’Église est en Dieu.L’Église n’est pas la résultante de désirs ou de projets humains pour accomplir un but déterminé, social ou philanthropique. Elle n’est pas une start-up, une association loi 1901, une sorte d’ONU chrétienne… En fait, elle n’a pas été instituée par les hommes. Elle a été instituée par le Christ. C’est ce qui la rend si singulière et en agace beaucoup. Car le cœur de l’Église dont parle Ste Thérèse n’est pas d’abord chez les hommes, mais en Dieu. Certains (même en son sein) aimeraient bien la faire disparaître ou bien la changer de telle manière qu’elle ne les gêne plus et qu’elle obéisse enfin aux injonctions de ce monde-ci. D’ailleurs, ce dernier accepte de garder les apparences les plus doucereuses du christianisme (ça fait bien) à la condition expresse que Dieu soit limité et fini aux seuls horizons humains où, grâce à un jeu de miroirs illusoire, l’homme s’adore lui-même comme un petit dieu. Dieu sans la religion (ou sans l’Église) ou Dieu avec une religion et une église à la petite mesure de l’homme, l’un comme l’autre sont des manipulations où Dieu devient finalement un exclu, un oublié.
Mystère de foi, l’Église est en même temps une réalité humaine. Vivant de l’Esprit de Dieu, elle est visible aux yeux des hommes. Le Christ l’a pourvue d’institutions qui sont liées à sa nature même, comme l’Écriture Sainte, les sacrements, les ministères ordonnés. Sa vitalité dépend aussi de la manière dont les chrétiens vivent leur appartenance au Christ et à l’Église. Elle subit la trahison et les vicissitudes des péchés de ses membres et elle est lumineuse des actes d’amour de ses enfants. Corps du Christ, Peuple de Dieu, elle n’est pas une société close sur elle-même. Elle est comme un sacrement, car, en se faisant messagère de l’amour de Dieu, elle permet à chacun d’avoir accès à la source même du salut : le cœur du Christ qui ne fait qu’un avec celui de l’Église, son épouse, dans lequel Ste Thérèse de l’Enfant Jésus avait trouvé pour l’éternité la place et l’amour qu’elle désirait tant.
P. Dominique BlotEn cette rentrée paroissiale, vous sont proposés des moyens pour résister à l’atrophie spirituelle propre à notre temps et qui contamine aussi les chrétiens, s’ils n’y prennent pas garde. Beaucoup d’entre vous ont une vie de foi qui pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Voilà pourquoi des moyens vous sont proposés pour trouver des éclaircissements qui viennent de l’Esprit Saint, de l’immense tradition spirituelle de l’Église, mais aussi de la communauté paroissiale, car nous devons nous aider les uns les autres.
Cette année, vous est proposé L’atelier des saints ordinaires. Bon nombre d’interrogations viennent d’un combat (parfois éprouvant) entre la vie quotidienne du chrétien et sa vie de foi. L’atelier des saints ordinaires veut être une réponse, dans l’Esprit Saint, pour que chacun redécouvre la grâce qui lui est propre et trouve des réponses à des problèmes concrets de la vie de tous les jours. Ensuite, une session Évangile et Peinture est organisée pour découvrir que chacun est capable d’exprimer le mystère de la rencontre de Dieu avec l’homme dans les scènes évangéliques. Enfin, une formation sur la spiritualité salésienne sera donnée : Saint François de Sales est le premier à avoir, en nos temps modernes, enseigné une spiritualité du laïcat, car la vie spirituelle est pour tous et n’est pas réservée à de seuls initiés. Saint Vincent de Paul l’avait bien compris, lui qui demandait aux premières Dames de la Charité de lire l’œuvre de son ami, l’« Introduction à la vie dévote ».
Le chrétien ne peut pas vivre et penser selon les codes de la culture dominante actuelle. « La mécanique nous aura tellement américanisés, le progrès aura si bien atrophié en nous toute la partie spirituelle, que rien ne pourra lui être comparé. », prophétisait C. Baudelaire, en 1908. Actuellement, toutes les crises éclatent simultanément — culturelle, environnementale, économique, politique, morale, spirituelle — et nos contemporains ne savent plus à qui s’adresser, à qui faire confiance, parce qu’ils ont perdu foi en Dieu et dans la vérité, alors qu’ils jouissent de facilités matérielles dont n’auraient pas même pas rêvé nos anciens. Quel paradoxe ! La culture actuelle veut aseptiser nos consciences. L’exploitation et la manipulation outrancière du vivant deviennent une chose communément admise. La PMÀ pour engendrer des enfants sans père va être légalisée sans troubler autrement des esprits narcissiques qui ne voient pas au-delà de leur petit « bien-être ».
Le christianisme, c’est-à-dire le Christ, reste un guide sûr pour chacun et au-delà pour la société. Il nous apprendra toujours à passer d’une vie sous le regard des codes culturels actuels à une vie sous le regard de Dieu. Jamais la tentation n’est aussi grande de s’évader, de se divertir, de se mentir à soi-même. Le Christ nous éclaire au contraire sur notre responsabilité individuelle et collective à bien cerner le mal à l’œuvre et à redonner à l’homme sa véritable dignité. L’homme est grand quand il sait reconnaître sa misère devant le Dieu miséricordieux, qu’il ne peut pas tout et qu’il doit accueillir la grâce du salut qui le libère de ses chimères.
P. Dominique BlotNous aspirons tous, au cours de l’été, à vivre un temps différent, un temps de repos au cours duquel nous voulons vivre autrement avec nos proches. La période de l’été est celle où nous aimons nous retrouver en famille et entre amis. Nous rêvons tous de belles soirées dans le jardin à converser autour d’une bonne table ou d’un bon verre de vin ou de bière, temps où nous aurons fait l’effort de fermer portable, télévision, réseaux sociaux, enfin tout ce qui nous empêche d’avoir des relations vraies et simples.
Tous les saints ont développé des amitiés durables. Les exemples sont à foison, à commencer par notre saint local préféré, saint Vincent de Paul qui va lier une amitié profonde avec saint François de Sales, évêque de Genève. La première rencontre entre les deux hommes sera le 11 novembre 1618, près d’un an après le départ de monsieur Vincent de Châtillon-les-Dombes et elle lui apporta tellement qu’il put écrire dans une de ses lettres : « Seigneur, que vous êtes bon puisqu’en monseigneur François de Sales, votre créature, il y a tant de douceur. » En fait, Vincent de Paul connaissait depuis bien des années le livre de François de Sales, déjà un best-seller pour l’époque, l’introduction à la vie dévote dont la lecture figurait dans le règlement de la première confrérie de Charité fondée à Châtillon. Dès les premiers mots échangés, Vincent découvrit que François de Sales vivait ce qu’il avait écrit La complicité spirituelle entre les deux hommes n’en fut que plus grande. Cela vérifie une loi toute simple : une amitié qui fait grandir l’âme est vraie lorsqu’elle fait découvrir une possibilité nouvelle de devenir meilleur au contact de l’autre.
François de Sales discerne nettement l’amitié de convoitise et l’amitié de bienveillance. La première, il l’appelle encore amitié vaine ou mondaine. Elle est faite de paroles emmiellées et de regards affectés et notre auteur d’ajouter : Cette amitié mondaine trouble le jugement, en sorte que ceux qui en sont atteints pensent bien faire en mal faisant. C’est un amour de paille. Elle est même ennemie de Dieu. La véritable amitié, saint Paul l’appelle le lien de la perfection. Elle est éternelle. Par exemple, la mort va rompre tous les liens entre les époux, sauf leur amitié qui est éternelle, car Dieu en est son fondement. Pour le chrétien, elle vise à conduire l’autre au Ciel, c’est-à-dire à lui faire découvrir qu’il est créé pour Dieu et le bonheur. Elle communique une espérance et une sagesse. Elle ne connaît pas la jalousie et se réjouit des joies de l’autre. Elle ignore la séparation, mais elle est cependant une recherche mutuelle de présence. Voilà pourquoi il faut profiter de l’été pour entretenir l’amitié dans la gratuité du temps donné, l’amitié avec Dieu, l’amitié avec nos amis.Le secret de la vie chrétienne est une amitié avec le Christ. Je ne vous appelle plus serviteurs, mais mes amis. L’amitié dépend des efforts pour être disponible à l’autre. Quels sont ceux que je vais mettre en œuvre pour être disponible à ceux qui sont mes amis, le Christ en premier ? C’est un vrai choix de vie.
P. Dominique BlotCette citation du Cantique des Cantiques (8,6) est étonnante, car nous aurions tendance à la corriger : « L’amour est plus fort que la mort. » Mais respectons la Parole de Dieu sans lui ajouter même un petit mot et comprenons ce que signifient pour nous ces forces de la mort et de l’amour mises en équivalence.
Le mort sépare l’âme du mourant d’avec son corps et d’avec les êtres et les choses de ce monde. Elle est d’une force inouïe qui arrache l’âme à cette terre. Mais l’amour est de même force. Beaucoup et c’est heureux en font l’expérience. Tu quitteras « ton père et ta mère pour ne faire qu’une seule chair », citation biblique bien connue qui recouvre tant de situations conjugales où l’un ou l’autre a quitté un pays pour venir vivre avec l’être aimé. Mais citons aussi le missionnaire qui quitte pour toujours la terre de son enfance, le prêtre, la religieuse qui ne se marient pas et vivent le célibat consacré pour être disponible aux appels de l’Église. La force qui les arrache à des biens qui seraient pourtant légitimes est l’amour de Dieu. Nous pourrions citer bien d’autres exemples.
La mort constitue un grand paradoxe : l’âme humaine est spirituelle et ne connaît pas la corruption alors que le corps qui a perdu ce pour quoi il existait, n’a plus besoin de se tenir et se défait. Paradoxe étonnant de la vie humaine qui fait que la mort est à la fois naturelle (pour le corps) et contre nature (pour l’âme). L’amour aussi est un paradoxe : Toute personne humaine a en elle le désir de voir Dieu, même si elle ne reconnaît pas son existence. Elle porte en son âme l’exigence la plus haute de parvenir à un bonheur sans fin, incorruptible. Mais elle sait intuitivement que les choses et les êtres de ce monde, tous corruptibles, ne pourront pas lui apporter définitivement ce bonheur. Qui le lui apportera ? Comment le découvrira-t-elle ?
« Ignorez-vous que, baptisés dans le Christ-Jésus, c’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés ? Nous avons été ensevelis avec Lui par le baptême dans la mort, afin que nous vivions une vie nouvelle. » (Rm 6, 1). Dans le Christ, il y a une exacte correspondance entre sa mort et l’amour. Et c’est ainsi qu’il nous donne l’Esprit Saint qui nous fait vivre. C’est le don parfait de son amour dans sa mort.
Cette correspondance entre la mort et l’amour, mourir en aimant, le curé d’Ars l’a si bien exprimée dans son acte d’amour : « mourir en vous aimant et en sachant que je vous aime ». Ainsi j’entre dans la Vie, dira Ste Thérèse de Lisieux. Pour les chrétiens que nous sommes, quelle leçon de vie ! Renoncer, mourir, s’arracher au péché, je ne le fais pas par devoir, mais par amour de Dieu et du prochain, seule force capable de m’arracher au mal. C’est ainsi que je me prépare à mourir en aimant et que l’amour devient fort comme la mort. Je suis appelé à relever ce défi en témoignant de la force de vie qui vient du Christ dans toutes les situations mortifères auxquelles je suis confronté et jusque dans ma propre mort pour en faire un acte d’amour.
P. Dominique BlotL’incendie de la charpente de la Cathédrale de Notre Dame de Paris a sidéré les Français. Cette vieille Dame s’est invitée dans le grand débat national sans crier gare, en bouleversant le calendrier prévu par ceux qui prétendent maîtriser tout en ce monde. En un instant, une des plus belles expressions de la racine chrétienne de la France exposait sa fragilité et sa grandeur, tout à la fois. Elle a brisé notre routine en surgissant belle et vulnérable, en nous interrogeant sur ce pourquoi elle avait été bâtie il y a 800 ans. Cette église de pierre révélait dans la lumière de l’incendie la Croix lumineuse et victorieuse (dont la photo allait faire le tour du monde) et la Vierge, patronne de la France, au pied de laquelle le roi Louis XIII déposait sa couronne. Mgr Aupetit, archevêque de Paris, disait que ce grand édifice solennel avait été bâti pour servir d’écrin à « un pauvre bout de pain » qui devient le Corps du Christ, et nous pouvons ajouter, à Notre Dame pour qui le poète Charles Péguy a eu ces beaux vers lorsqu’il contemplait la cathédrale : « Reine qui vous levez sur tous les océans, vous penserez à nous quand nous serons au large. » En une soirée, le sacré qui paraissait auparavant dérisoire et si souvent profané devenait l’objet d’une attention universelle et la vieille Dame, une maison pleine d’espérance. Tous ceux qui se sentaient viscéralement français en ce soir ne pouvaient pas imaginer leur avenir sans elle : « Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance. Et je n’en reviens pas. Cette petite fille espérance. » (C. Péguy).
En ces premiers jours du temps de Pâques, nous lisons les Actes des Apôtres, un récit riche d’enseignement sur les commencements de l’Église. Jamais plus au cours du temps, l’Église ne connaîtra une heure de grâce aussi intense que ces années qui courent jusqu’à la mort du dernier apôtre, Jean. L’Église des premiers temps ne s’appuyait sur aucune force extérieure, politique, économique ou autre. Elle se tenait en elle-même par la seule force venue de sa foi et de son amour. Elle captivait, car elle prodiguait l’espérance à tous, en leur révélant qu’aucune condamnation, du péché à la mort, qui pèse sur la condition humaine n’est définitive puisque le Christ les en libérait par la seule puissance de l’amour de Dieu qui se déploie en lui.
C’est cette même espérance que les bâtisseurs ont inscrite dans la cathédrale Notre Dame de Paris et que tout visiteur sent plus ou moins confusément, s’il n’y passe pas trop vite, une espérance que l’incendie a mise paradoxalement en pleine lumière avec un effet mobilisateur sans précédent. On voit comment l’Espérance chrétienne, écrite ici dans les pierres de nos églises est la petite fille tenace que C. Péguy dépeint ainsi : « c’est elle qui fait marcher le monde et qui le traîne ». À nous de demander à l’Esprit Saint comment la transcrire pour le monde d’aujourd’hui dans la continuité de ceux qui l’ont apportée en leur temps : les Apôtres, en passant par les bâtisseurs de cathédrale jusqu’aux saints de France et du monde entier.
P. Dominique BlotLe mode de vie actuel incline chacun à croire qu’il peut faire sa petite vie tout seul, sans l’aide de personne. D’ailleurs la technologie et la mise sur le marché de produits robotisés permettent déjà de compenser bien des fragilités humaines. Quant au plan moral et religieux, on se suffit à soi-même. On a sa conscience pour soi. On estime avoir des intentions pures. Quel besoin alors d’avoir besoin d’un secours de Dieu que l’on appelle la grâce ? C’est superflu. Le baptême devient un simple rite social et familial. Je n’ai aucun besoin de la messe, de rencontrer Dieu et la communauté chrétienne. Quant à la confession, je n’ai rien à dire au curé, car, quand je me regarde, je ne me trouve pas mal en fait. C’est ainsi que Satan se regarde d’ailleurs. Il ne supporte pas que Dieu pose un regard vrai et juste sur lui, mais aussi aimant et miséricordieux, un regard de Père et il veut exactement que nous l’imitions. Il adore, en fait, notre propension moderne à l’individualité satisfaite !
De tout temps, il a existé ce volontarisme qui est un mélange d’orgueil et de suffisance. Dès le 4° siècle, l’Église a eu à se battre contre un moine, Pélage qui affirmait que, par les seules forces de la volonté et de la fermeté de caractère, on pouvait arriver à la perfection, sans avoir besoin de la grâce de Dieu. Aujourd’hui, cette morale pélagienne qui ne dit pas son nom est criante et elle est pire. Elle ne recherche pas la perfection évangélique qui nous amène au ciel : « soyez parfait comme votre Père est parfait », comme Pélage. Elle ne recherche que l’épanouissement exclusivement terrestre de l’Homme sans Dieu. Elle est à la source de beaucoup d’injustices dans le monde économique, politique, social, familial. C’est une morale dure, sans grâce. Et comme toutes les injustices, ce sont souvent les plus pauvres qui trinquent ! Car ce que ne disait pas Pélage, c’est que seule une élite pouvait arriver au terme d’une perfection qu’il s’était donnée à lui-même. Tous les pauvres, les faibles et les fragiles en étaient exclus, les « imparfaits », ceux qui sont incapables d’y arriver par leurs seules forces.
« Sans moi, vous ne pouvez rien faire », dit le Christ (Jn 15,5). La Parole de Dieu révèle à l’homme sa connivence avec le péché dont elle éclaire la malice et perversité. Jésus dénonce l’attitude pharisienne qui fuit la vérité sur soi que vient éclairer le jugement de sa conscience.
Le salut vient de Dieu seul. La grâce divine ne se pose nullement en concurrence de notre liberté. Tout se joue au-dedans de notre âme, dans une coopération entre Dieu et l’homme. La liberté humaine éprouve le dur combat contre le mal pour désirer le bien et la grâce la purifie et l’élève. Tout est l’œuvre du « Maître intérieur », l’Esprit Saint, donné par Jésus sur la Croix et à la Pentecôte.
Tout homme a besoin de Dieu. C’est dans notre nature. Le disciple du Christ le vérifie à chaque fois qu’il prononce le Notre Père qui rassemble tous ceux qui savent que, sans la grâce de Dieu, l’homme ne peut rien.
P. Dominique BlotJésus nous indique trois voies royales pour le chemin de Pâques : le jeûne, la prière et l’aumône. Elles sont « royales », car le roi dans la Bible est celui qui n’est pas esclave, mais libre de choisir Dieu et d’obéir à ses commandements.
Pour nous, il s’agit de ne pas être esclave de mauvaises habitudes ou comportements, mais aussi de ne pas mettre notre orgueil dans « les choses de ce monde » qui ne font que passer. Cela demande un discernement courageux sur les impasses dans lesquelles nous sommes et qui ne nous apportent que tristesse. Au contraire, devenir libre, par la grâce de Dieu, est une source de joie. La royauté appartient à la grâce de notre baptême et elle est l’expression de la liberté la plus grande que nous exerçons : celle de la foi. C’est pour la foi et grâce à la foi que je partage, que j’offre, que j’aime et que je cherche Dieu en recevant de lui la Vie Eternelle.
La paroisse propose pour ce temps du carême quatre ateliers pour nous aider à prendre au sérieux ces trois conseils évangéliques de Jésus auxquels nous ajoutons un atelier sur la « Parole de Dieu », car, c’est à son écoute, que la conversion est possible. Une réunion de présentation des ateliers a eu lieu le 6 mars, le soir du Mercredi des Cendres et une autre nous réunira à mi-carême le 3 avril. Notez encore, le 12 avril, une soirée de partage autour de la vie de Sr Rosalie Rendue. Le diocèse organise aussi, avec une prédication de Mgr Roland, des haltes spirituelles dans le diocèse. Quatre séances, « si tu savais le don de Dieu » dont la première est le mardi 12 mars sont organisées pour ceux qui désirent en savoir plus sur notre foi. Une célébration pénitentielle, le samedi 13 avril, vous aidera à trouver le chemin de la miséricorde divine. N’oubliez pas aussi les temps d’adoration eucharistique qui ponctuent nos semaines.
Le Pape Benoît XVI comparait le carême à un entraînement sportif. L’athlète ne s’entraîne jamais seul, même dans les disciplines individuelles. Toute une équipe l’entoure. Tous ne désirent qu’une chose : gagner. Il est difficile d’entamer l’entraînement du carême seul. J’invite les couples à s’entraider pour cela : chacun des trois conseils évangéliques inspirera les époux à trouver les moyens pratiques d’une plus belle affection conjugale. Mais il en est de même des membres des équipes du rosaire, de l’équipe saint Vincent, des équipes liturgiques. Profitons de nos amitiés paroissiales pour nous aider les uns les autres à grandir dans la liberté de la foi.
Cette année, un catéchumène, Maxime, sera baptisé pendant la Vigile de Pâques. Toute la communauté l’accompagnera au cours des différentes étapes qui auront lieu à Châtillon au cours des dimanches de Carême. Nous le remercions d’avance, car sa démarche nous rappellera le plus grand trésor que nous ayons : la foi en Christ ressuscité.
P. Dominique Blot« Indépendamment de toute prévision catastrophique, l’actuel système mondial est insoutenable de divers points de vue. », écrit le pape François en 2015 dans son encyclique Laudato si, observant les symptômes de nombreux points de rupture du système mondialisé.
En 1967, son prédécesseur, le pape Paul VI rédigeait une encyclique : Populorum progressio, en fixant de manière optimiste les conditions d’un « développement humain intégral ». Mais quatre ans plus tard, en 1971, il a cette interrogation : « Que signifie cette quête inexorable de progrès qui fuit chaque fois qu’on croit l’avoir conquise ? Non maîtrisé, le progrès laisse insatisfait. ». Il pose alors un élément de discernement étonnant : « Pour le chrétien, le progrès rencontre nécessairement le mystère eschatologique de la mort. ». Le Bx Paul VI donne un coup d’arrêt à l’optimisme naïf de ceux qui croient que le progrès va résoudre tous les problèmes mécaniquement par la seule force de son mouvement. La mort dont parle ici le Pape est la caractéristique du mystère indépassable de l’homme que les avancées technologiques et la croissance économique sont incapables d’épuiser. Que les chrétiens ne se trompent pas : le vocabulaire du « progrès » ne peut jamais remplacer celui du Salut. L’idée de progrès peut être un cache-misère et un créateur d’illusions qui nous dissimule l’énigme de l’existence humaine : la Vie Eternelle dont la mort et le mal posent la question. Le Salut, au contraire, est le révélateur du destin de chaque personne humaine que Dieu sauve.
Le progrès donne l’impression d’un mouvement fatal et continu qui emporte l’homme sans qu’il en choisisse le sens. Nous observons, par exemple, une abdication du pouvoir politique devant l’innovation technologique. Les comités de bioéthiques se multiplient, mais ils servent à acclimater des pratiques qui auraient été scandaleuses il y a quelques années. Le progrès s’est développé sur l’idée d’un Darwinisme social : Comme il existe, dans la Nature, une lutte entre les individus pour produire le meilleur, la lutte économique, portée par la recherche scientifique pour qui la vie n’est qu’une base de données, est bonne en soi. Elle produirait le meilleur, jusqu’à de nouvelles formes humaines hybrides plus adaptables et plus efficientes que le petit d’homme qui sera vite dépassé ou transformé par « l’optimisation » de tous les processus qui feront le quotidien de sa vie.
Or les dernières découvertes scientifiques mettent à mal cette théorie : Certes, il y a de « la guerre » dans la Nature, mais, et c’est surprenant, il y a beaucoup plus de liens et de solidarité entre les êtres naturels qu’il y a de conflits. Plus, la Nature devient un modèle de convivialité entre les espèces, ce qui ne l’empêche pas de s’adapter et d’innover tout en restant elle-même. « Dieu nous a unis étroitement au monde qui nous entoure. », dit le pape François. Voilà une nouvelle forme de progrès à mettre en œuvre pour que l’homme reste lui-même dans et avec la Nature que Dieu lui a créée.
P. Dominique BlotNous aurons bientôt la joie de contempler les crèches installées dans nos églises ou dans nos maisons. Les raisons pour lesquelles l’Enfant Jésus suscitera l’émotion seront diverses. Mais cet évènement de la Nativité du Christ renvoie au mystère de la vie humaine.
L’enfant qui naît dans le sein de la mère ne pourra jamais être réduit à un « amas de cellules indifférenciées ». Non seulement la science découvre que, dès la conception, la vie s’organise en différenciant les cellules de manière progressive et complexe, mais aussi que son point de départ pose la question de notre origine et de notre identité. Le corps d’un être humain n’est jamais réductible à ses cellules. L’embryon se développe avec une finalité propre et personnelle qui se manifeste à la naissance de chaque enfant et dont l’origine n’est pas d’abord dans le corps, mais dans l’âme qui est le principe premier de la vie qui tisse le corps de l’enfant dans le sein de sa mère. Cette âme dont le corps en est l’expression visible est déjà la personne de l’enfant que les parents accueillent comme un don merveilleux.
La Nature fera toujours mieux que la technique, car elle suit un principe premier, l’âme, qui est présente dès l’origine de la vie pour faire grandir l’être humain dès les premiers instants. Son intention est toujours gratuite et sans arrière-pensée. Elle peut se tromper parfois, malheureusement, mais ce n’est jamais par malignité.
La technique humaine (qui se croit toujours plus intelligente que la Nature !) intervient toujours après ce que la Nature a fait et risque d’interférer dans les processus naturels de la gestation d’une petite vie. De ce fait, la technique risque de changer le processus même de ce qui fait qu’un enfant est une personne. C’est le cas de la PMÀ ou des manipulations génétiques. Son intention est souvent mercantiliste et elle cherche à instrumentaliser l’enfant à des fins égoïstes.
Oui, la naissance du Christ nous interroge. Noël est le miroir qui nous renvoie la lumière divine qui éclaire chaque personne humaine qui naît en ce monde et dont la vie a été gratuitement donnée par Dieu.
Les évêques de France ont produit un texte remarquable, « la dignité de la procréation » (sept. 2018), à propos de la PMÀ qui fera l’objet d’une discussion parlementaire en 2019. En voici un extrait : « Donner la vie à un enfant est une source d’émerveillement des plus profondes, une responsabilité des plus grandes. (…) Dieu lui-même s’est fait homme dans la chair d’un embryon humain devenu l’enfant appelé Jésus, porté et mis au monde par une femme, Marie. L’Église catholique pose avant tout un regard contemplatif sur chaque être humain dont elle cherche à percevoir la profondeur et le mystère, à toutes les étapes de sa vie. »
P. Dominique BlotNous terminerons l’année liturgique par la fête du Christ-Roi, le 24 novembre prochain. La royauté du Christ nous renvoie à la manière dont l’homme règne dans le monde et s’organise pour former la cité humaine. Or II existe actuellement une crise de la politique qui génère beaucoup d’inquiétude, car elle est incapable de formaliser un bien suffisamment commun et puissant pour rassembler. À ce propos, les questions sont si nombreuses qu’il est impossible de les lister ici. Mais une expression utilisée montre le malaise actuel à définir un projet commun politique.
L’expression « l’intérêt général » est la formule consacrée pour désigner le socle commun de valeurs sur lequel les citoyens seraient accordés pour vivre en société. L’intérêt général s’est substitué peu à peu, et de manière subtile et cachée, à la notion beaucoup plus riche et porteuse de « bien commun ». Il signifie que la quête particulière de bonheur de chaque individu suffirait pour assurer l’intérêt général de la société. Seul ce qui est utile à l’individu définit le bien politique à rechercher. L’utile a remplacé le bien. Le politique a été absorbé par l’économie prédominante qui a réduit le bien de la cité des hommes aux valeurs marchandes et utilitaires. Or la somme des intérêts particuliers est incapable de fédérer. Au contraire, le risque est grand de voir grandir la violence dans la société et nous la constatons déjà. Nous entendons les politiques nous parler de valeurs communes dans un discours qui a de moins en moins prise sur la réalité vécue qui voit grandir les fractures entre les individus ou les groupes d’individus. Chacun ou chaque « lobby » cherche son propre intérêt, suivant ainsi l’organisation actuelle d’une société fragmentée qui les prédispose à une telle attitude.
Le « bien commun » est différent. Il part du principe que les individus appartiennent tous à une même nature, la nature humaine d’où découle une même loi, la loi naturelle qui fonde le socle commun d’un partage du vrai et du faux, de l’injuste et du juste, du bien et du mal. La loi naturelle assure aussi qu’il existe des biens inaliénables que l’argent ou l’utile ne peuvent pas acheter ou enlaidir comme la personne et la famille. Elle nous dit enfin que les notions de travail, de culture, d’éducation et de liberté ne sont pas des variables économiques ni des valeurs marchandes. Pour garder intègres ces biens, tout ne sera pas utile de faire même si cela est possible d’un point de vue financier ou scientifique. Les individus ont une destinée commune selon un Bien commun dont les principes vitaux se trouvent en eux et pour lequel ils seront capables de donner leur vie, de partager une vraie amitié et de dépasser leurs égoïsmes.
Voilà un « vivre bien » qui ne se contente pas d’un « vivre ensemble » qui paraît si pauvre. Le Règne du Christ nous fait découvrir des biens communs à vivre : La personne humaine, la nature humaine, la Création et enfin, Dieu qui s’offre à l’humanité entière comme Bien suprême à partager et à aimer et source de bonheur.
P. Dominique BlotEn préparant leurs funérailles, beaucoup de chrétiens choisissent l’incinération au lieu de l’enterrement. Les motivations de cette décision ne sont pas d’abord financières. Elles sont beaucoup plus complexes. Elles résultent globalement d’un affaiblissement de la foi en la Résurrection des corps et en la Communion des saints.
La Résurrection des corps est une conviction de la foi chrétienne. La conséquence en est le grand respect pour le corps terrestre que l’on ne peut pas faire disparaître instantanément au risque de le dévaloriser. Le corps de cet être humain dans lequel a été semée la grâce du baptême, représente toute une histoire familiale, sociale, religieuse. Ce corps a été un lieu de bonheur, mais aussi d’épreuves, de péché et de miséricorde, « temple de l’Esprit Saint », dit saint Paul. C’est le corps de ma mère, de mon grand-père, de mon ami. À la résurrection, les corps rendus incorruptibles seront les corps de ces mêmes êtres que nous avons aimés. Ils sont enterrés au « cimetière », vieux terme du haut Moyen-âge, signifiant le « lieu de l’attente » : la résurrection des morts est intimement liée au retour définitif du Christ. Le monde chrétien se démarque du monde païen qui privilégiait la nécropole, la ville des morts, séparée de la ville des vivants, la Cité. Pour les chrétiens, les morts sont avec les vivants, car tous vivent dans le Seigneur. Les cimetières étaient souvent dans nos villages. Avec le Christ, la vie est partout, surtout chez « nos morts », beaucoup plus que nous le pensons malheureusement, car notre foi en la promesse de Jésus de notre propre résurrection est bien trop faible. Pensons aux jeunes qui assistent à ces crémations. Quels sentiments peuvent agiter leur esprit ? Je doute que cela soit la meilleure manière de leur transmettre notre foi en la Résurrection des corps et l’espérance chrétienne qui devrait nous habiter.
La communion des Saints affirme que les liens spirituels vont bien au-delà des apparences. Elle est une communion entre le monde invisible et visible. Cependant, nos relations humaines passent par le corps. Jusque dans la mort, les femmes ne se détachent pas de Jésus et vont au tombeau pour embaumer son corps. Elles pensent que c’est le dernier hommage qu’elles pourront lui donner. Elles se trompent. Elles verront encore pendant 40 jours le Ressuscité ! Le chrétien est dans l’espérance que l’hommage qu’il rend au corps de celui ou celle qu’il a aimé ne sera pas le dernier, mais qu’il pourra continuer dans la Vie éternelle à l’aimer corps et âme. Au contraire, la violence de la crémation est le symbole que « tout serait fini » avec la mort.
Je vous invite donc dans un acte de foi dans le Christ et sa Résurrection à laisser de côté des raisons humaines plus ou moins légitimes en faveur de la crémation et à choisir l’enterrement du corps pour croire en la promesse que Jésus vous fait : il redonnera vie à votre corps et à celui de vos proches.
P. Dominique Blot