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Qu’est-ce qu’un dogme ? |
Dernière mise à jour le 30/11/2023 Plan du site Menu en haut de page Aide |
Le mot « dogme » vient du verbe grec dokein, qui signifie « avoir une opinion, penser, croire ». La commission théologique internationale (1990) le définit comme « une doctrine dans laquelle l’Église propose de façon définitive une vérité révélée ». À la suite de la révélation contenue dans l’Ancien Testament, les chrétiens croient que, en Jésus, Dieu lui-même s’est fait connaître aux hommes. C’est de cette connaissance que le « dépôt de la foi », confié à l’Église, rend compte. le théologien Claude Geffré (Dictionnaire des religions, PUF, 1984) écrit : « Au fur et à mesure que l’Église a grandi et que des conflits de doctrine ont éclaté entre les chrétiens, le besoin s’est fait sentir de résumer le message chrétien en quelques propositions doctrinales pour le mettre à l’abri de l’erreur et de fausses interprétations. Il faut comprendre la fonction dogmatique dans l’Église comme une exigence de la transmission fidèle aux hommes du message révélé selon de nouvelles conditions de temps et de lieu. » Les dogmes peuvent donc être compris comme l’expression de la vérité éternelle de Dieu dans le langage temporel des hommes. Des « lumières sur le chemin de notre foi, qui l’éclairent et le rendent sûr », selon la formule du catéchisme de l’Église catholique (no 89).
Le mot a été utilisé dès l’Antiquité dans le domaine juridique, au sens d’arrêté ou de loi, et en philosophie. Il a mis longtemps à s’imposer dans l’Église. Au Moyen Âge, c’est plutôt sous l’appellation d’« articles de foi » que l’on discute de la doctrine obligatoire de l’Église et de la manière dont celle-ci a été établie. C’est véritablement avec la Réforme, puis les Lumières que le mot « dogme » apparaît sous le sens actuel de « formulation doctrinale ».
Contre le « rationalisme ou le naturalisme », accusés de « s’attaquer par tous les moyens à la religion chrétienne », le concile Vatican I, en 1870, le désigne comme « tout ce à quoi l’on doit croire d’une foi divine et catholique » et « qui est contenu dans les saintes Écritures et dans la Tradition, tout ce qui est proposé par l’Église comme vérité divinement révélée, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel » (constitution Dei Filius).
Au sens strict, le dogme est une affirmation promulguée solennellement par un concile œcuménique ou par le pape usant explicitement de son infaillibilité (canon 749 du code de droit canonique) : c’est ce que l’on appelle le « Magistère extraordinaire ». Le dogme de l’infaillibilité pontificale, par exemple, a été défini au cours d’un concile (Vatican I) réunissant l’ensemble des évêques, et ceux de l’Immaculée Conception ou de l’Assomption de la Vierge par des papes.
Mais, au sens large, le mot peut être étendu à l’ensemble de la foi chrétienne, enseignée par l’Église au titre de son « Magistère ordinaire et universel » (l’enseignement des évêques). Le père Jean-François Chiron, professeur à la faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon (1) relève : « Il n’existe aucun dogme sur la résurrection du Christ, par exemple, il ne s’agit pas moins d’une vérité de foi. On peut aussi considérer le Credo comme un ensemble d’articles de foi. » Il n’existe donc pas de liste des dogmes « en vigueur ». Seul critère, selon le P. Chiron : « Pour qu’un énoncé soit considéré comme un dogme, il faut que la manière dont le Magistère s’exprime ne donne pas lieu à débat sur son intention de le considérer comme tel. »
Dans certains cas, la qualification ou non de dogmes est incertaine : c’est le cas, par exemple, de certains énoncés, pourtant très fermes, comme celui, posé au cours du concile de Florence en 1439, donnant une interprétation stricte de l’adage « Hors de l’Église, point de salut »…
Pour les chrétiens, le Christ est la révélation parfaite de Dieu. « Ce qu’il a dit et vécu est le critère absolu de la vérité », rappelle le cardinal Walter Kasper, président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, dans le Dictionnaire de théologie (Cerf, 1988). « Mais, selon le lieu ou l’époque, de nouvelles questions surgissent, parfois même de l’interprétation des Écritures. L’Église a alors le devoir d’y répondre en approfondissant sa connaissance de la vérité révélée par Dieu. C’est ce que l’on appelle le développement du dogme. » Les « forces motrices » du développement du dogme sont au nombre de six, selon le cardinal Kasper :
Parce qu’il engage l’infaillibilité du pape ou de l’Église tout entière dans leur mission de transmettre la Révélation, le dogme ne peut être remis en question. Il est définitif. En revanche, le fidèle est toujours appelé à comprendre son essence, la vérité dont sa formulation est porteuse. Ce que le théologien Bernard Sesboüé appelle le « c’est-à-dire ». C’est le cas pour le terme « consubstantiel » : c’est pour décrire la relation unique du Père et du Fils que ce terme a été introduit dans le Credo par le concile de Nicée en 325, ce qui n’empêche pas qu’il doive être « traduit » aujourd’hui, le sens du terme « substance » n’étant plus le même. C’est le cas aussi de la « transsubstantiation », terme forgé au XIIIe siècle et inspiré de la philosophie d’Aristote pour décrire le changement du pain et du vin au corps et au sang du Christ. « L’énoncé reste vrai ; il reste encore à le rendre compréhensible, vivant pour aujourd’hui », résume Jean-François Chiron.
Au cours du XXe siècle, la perception des dogmes a beaucoup évolué. D’une part, le risque d’un appauvrissement de la foi au travers de formules humaines est davantage perçu. « Ensuite, avec sa constitution dogmatique Dei Verbum, Vatican II marque une inflexion, rappelle encore Jean-François Chiron. Désormais, la révélation divine est moins considérée comme une suite d’énoncés que comme une révélation par Dieu lui-même de ce qu’il est. » Aucun nouveau dogme n’a d’ailleurs été défini lors du concile Vatican II ni depuis.
84 | « L’héritage sacré » (cf. 1 Tm 6, 20 ; 2 Tm 1, 12-14) de la foi (depositum fidei), contenu dans la Sainte Tradition et dans l’Écriture Sainte a été confié par les apôtres à l’ensemble de l’Église. « En s’attachant à lui, le peuple saint tout entier uni à ses pasteurs reste assidûment fidèle à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières, si bien que, dans le maintien, la pratique et la confession de la foi transmise, s’établit, entre pasteurs et fidèles, une singulière unité d’esprit » (DV 10). |
85 | « La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus-Christ » (DV 10), c’est-à-dire aux évêques en communion avec le successeur de Pierre, l’évêque de Rome. |
86 | « Pourtant, ce Magistère n’est pas au-dessus de la parole de Dieu, mais il la sert, n’enseignant que ce qui fut transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il propose à croire comme étant révélé par Dieu » (DV 10). |
87 | Les fidèles, se souvenant de la parole du Christ à ses apôtres : « Qui vous écoute, m’écoute » (Lc 10, 16 ; cf. LG 20), reçoivent avec docilité les enseignements et directives que leurs pasteurs leur donnent sous différentes formes. |
88 | Le Magistère de l’Église engage pleinement l’autorité reçue du Christ quand il définit des dogmes, c’est-à-dire quand il propose, sous une forme obligeant le peuple chrétien à une adhésion irrévocable de foi, des vérités contenues dans la Révélation divine ou bien quand il propose de manière définitive des vérités ayant avec celles-là un lien nécessaire. |
89 | Il existe un lien organique entre notre vie spirituelle et les dogmes. Les dogmes sont des lumières sur le chemin de notre foi, ils l’éclairent et le rendent sûr. Inversement, si notre vie est droite, notre intelligence et notre cœur seront ouverts pour accueillir la lumière des dogmes de la foi (cf. Jn 8, 31-32). |
90 | Les liens mutuels et la cohérence des dogmes peuvent être trouvés dans l’ensemble de la Révélation du mystère du Christ (cf. Cc. Vatican I : DS 3016 : « nexus mysteriorum » ; LG 25). Il faut, en effet, se rappeler que « la diversité de leurs rapports avec les fondements de la foi chrétienne marque un ordre ou une “hiérarchie” des vérités de la doctrine catholique » (UR 11). |