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À partir de la légende dorée de sainte Catherine



Dernière mise à jour
le 30/11/2023

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Sainte Catherine
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À partir de la légende dorée
Catherine vient de catha qui signifie universel, et de ruina, ruine pour ruine universelle. En effet, en elle, l’édifice du diable fut entièrement ruiné à savoir :
  • l’orgueil, par l’humilité qu’elle posséda ;
  • la concupiscence de la chair, par la virginité qu’elle conserva ;
  • la cupidité mondaine, par le mépris qu’elle eut pour toutes les vanités du monde.

Ou bien Catherine vient de chaînette (catena) : car par ses bonnes œuvres, elle se fit comme une chaîne au moyen de laquelle elle monta au ciel. Et cette chaîne ou échelle est formée de quatre degrés qui sont : l’innocence d’action, la pureté du cœur, le mépris de la vanité et le langage de la vérité. Ces degrés sont évoqués par le prophète quand il dit (Ps. XXIII) : « Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? ». La réponse suit : « L’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles et ne dit pas de faux serments. ». Catherine était en conformité avec ces quatre degrés comme le montre sa légende.

Catherine, fille du roi Costus, étudia tous les arts libéraux (1).

L’empereur Maxence convoqua à Alexandrie les riches comme les pauvres pour les faire sacrifier. Il voulait punir les chrétiens qui refuseraient. Catherine, âgée de 18 ans, resta seule dans son palais rempli de richesses et d’esclaves. Elle entendit les mugissements des divers animaux et les accords des chanteurs. Elle envoya un messager s’informer de ce qui se passait.

Quand elle l’eut appris, se munissant du signe de la croix, elle quitta le palais et s’approcha accompagnée de quelques personnes. Elle vit beaucoup de chrétiens qui, par crainte, se laissaient entraîner à offrir des sacrifices.

Blessée, elle s’avança courageusement vers l’empereur et lui dit : « La dignité dont tu es revêtu aussi bien que la raison exigerait de moi de te faire la cour,* si tu connaissais le créateur du ciel et si tu renonçais au culte des dieux. »

Debout devant la porte du temple, elle discuta avec l’empereur. Elle utilisa des conclusions syllogistiques sur une infinité de sujets qu’elle considéra au point de vue allégorique, métaphorique, dialectique et mystique.

Revenant ensuite à un langage ordinaire, elle ajouta : « Je me suis attachée à t’exposer ces vérités comme à un savant. Pour quel motif as-tu inutilement rassemblé maintenant cette multitude pour lui faire adorer de vaines idoles ? Tu admires ce temple élevé par la main des ouvriers. Tu admires des ornements précieux que le vent soulèvera comme de la poussière. Admire plutôt le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment. Admire les ornements du ciel, comme le soleil, la lune et les étoiles. Admire leur obéissance, depuis le commencement du monde jusqu’à la fin des temps. La nuit et le jour, ils courent à l’occident pour revenir à l’orient, sans jamais se fatiguer. Puis quand tu auras remarqué ces merveilles, cherches et apprends qui est leur maître. Lorsque, par un don de sa grâce, tu l’auras compris et que tu n’auras trouvé personne semblable à lui, adore-le, glorifie-le, car il est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs. »

Quand elle lui eut exposé avec sagesse beaucoup de considérations touchant l’incarnation du Fils, l’empereur stupéfait ne sut que lui répondre.

Enfin revenu à lui, il dit : « Laisse, ô femme, laisse-nous terminer le sacrifice et ensuite nous te répondrons. »

Il ordonna alors de la mener au palais et de la garder avec soin. Il était plein d’admiration pour sa sagesse et sa beauté. En effet, elle était parfaitement bien faite et son incroyable beauté la rendait aimable et agréable à tous ceux qui la voyaient.

Le César vint au palais et dit à Catherine : « Nous avons pu apprécier ton éloquence et admirer ta prudence, mais occupés à sacrifier aux dieux, nous n’avons pu comprendre exactement tout ce que tu as dit. Avant de commencer, nous te demandons ton origine. »

À cela, Catherine répondit : « Il est écrit : “Ne te loue pas ni ne te déprécie pas toi-même”, ce que font les sots que tourmente la vaine gloire. Cependant, j’avoue mon origine, non par jactance, mais par amour pour l’humilité. Je suis Catherine, fille unique du roi Costus. Bien que née dans la pourpre et instruite assez à fond dans les arts libéraux, j’ai tout méprisé pour me réfugier auprès du seigneur Jésus-Christ. Quant aux dieux que tu adores, ils ne peuvent être d’aucun secours ni à toi ni à d’autres. Ô, qu’ils sont malheureux, les adorateurs de pareilles idoles qui, au moment où on les invoque, n’assistent pas dans les nécessités, ne secourent pas dans les tribulations et ne défendent pas dans les périls ! »

Le roi dit : « S’il en est ainsi que tu le dis, tout le monde est dans l’erreur et toi seule dis la vérité. Cependant, toute affirmation doit être confirmée par deux ou trois témoins. Quand tu serais un ange, quand tu serais une puissance céleste, personne ne devrait encore te croire. Combien moindre encore doit être la confiance en toi, car tu n’es qu’une femme fragile ! »

Catherine dit : « Je t’en conjure, César, ne te laisse pas dominer par ta fureur. L’âme du sage ne doit pas être le jouet d’un funeste trouble, car le poète a dit : “Si l’esprit te gouverne, tu seras roi, si c’est le corps, tu seras esclave.” »

L’empereur dit : « Je m’aperçois que tu te disposes à nous enlacer dans les filets d’une ruse empoisonnée en appuyant tes paroles sur l’autorité des philosophes. »

Voyant qu’il ne pouvait lutter contre la sagesse de Catherine, l’empereur donna des ordres secrets pour adresser des lettres de convocation à tous les grammairiens et les rhéteurs. Il leur était demandé de se rendre de suite au prétoire d’Alexandrie. D’immenses présents leur étaient promis s’ils réussissaient à l’emporter par leurs raisonnements sur cette vierge discoureuse.

On amena donc, de différentes provinces, cinquante orateurs qui surpassaient tous les mortels dans tous les genres de science mondaine. Ils demandèrent à l’empereur pourquoi ils avaient été convoqués de si loin. Le césar leur répondit : « Il y a parmi nous une jeune fille incomparable par son bon sens et sa prudence. Elle réfute tous les sages et affirme que tous les dieux sont des démons. Si vous triomphez d’elle, vous retournerez chez vous comblés d’honneurs. »

Alors, indigné, l’un d’eux répondit avec colère : « Oh ! la grande détermination d’un empereur qui a convoqué les savants des pays les plus éloignés du monde pour une discussion sans valeur avec une jeune fille quand l’un de nos moindres écoliers pouvait la confondre de la façon la plus leste ! »

L’empereur dit : « Je pouvais la contraindre par la force à sacrifier ou bien l’étouffer dans les supplices. Mais j’ai pensé qu’il valait mieux qu’elle restât tout à fait confondue par vos arguments. »

Ils lui dirent alors : « Qu’on amène devant nous la jeune fille et que, convaincue de sa témérité, elle avoue n’avoir jusqu’ici jamais vu des savants. »

Mais la vierge ayant appris la lutte à laquelle elle était réservée se recommanda toute à Dieu. Un ange du Seigneur se présenta devant elle. Il l’avertit de se tenir ferme. Il ajouta qu’elle ne pourra être vaincue par ses adversaires, mais qu’elle les convertira et qu’elle leur frayera le chemin du martyre.

Ayant donc été amenée devant les orateurs, elle dit à l’empereur : « Est-il juste que tu opposes une jeune fille à cinquante orateurs auxquels tu promets des gratifications pour la victoire, tandis que tu me forces à combattre sans m’offrir l’espoir d’une récompense ? Cependant, pour moi, cette récompense sera notre seigneur Jésus-Christ qui est l’espoir et la couronne de ceux qui combattent pour lui. »

Les orateurs ayant avancé qu’il était impossible que Dieu se fît homme et souffrît, la vierge montra que cela avait été prédit même par les gentils. Car Platon établit que Dieu est un cercle, mais qu’il est échancré. La sybille a dit aussi : « Bienheureux est ce Dieu qui est suspendu au haut du bois. »

Comme la vierge discutait avec la plus grande sagesse contre les orateurs qu’elle réfutait par des raisons évidentes, ceux-ci, stupéfaits et ne sachant quoi répondre, furent réduits au silence.

Furieux contre eux, l’empereur leur fit des reproches parce qu’ils s’étaient laissés vaincre honteusement par une jeune fille.

L’un d’eux prit la parole et dit : « Tu sauras, empereur, que jamais personne n’a pu lutter avec nous sans qu’il eût été vaincu aussitôt. Mais cette jeune fille dans laquelle parle l’esprit de Dieu a tellement excité notre admiration que nous ne savons ni n’osons absolument dire un mot contre le Christ. Alors, prince, nous avouons fermement que si tu n’apportes pas de meilleurs arguments en faveur des dieux que nous avons adorés jusqu’à présent, nous voici disposés à nous convertir tous à la foi chrétienne. »

Entendant cela, le tyran fut outré de colère. Il ordonna de les faire brûler tous au milieu de la ville.

La vierge les fortifia et leur inspira la constance du martyre. Puis elle les instruisit avec soin dans la foi. Comme ils regrettaient de mourir sans le baptême, elle leur dit : « Ne craignez rien, car l’effusion de votre sang vous tiendra lieu de baptême et de couronne. »

Ils se munirent du signe de la croix avant d’être jetés dans les flammes. Ils rendirent leur âme au Seigneur. Ni leurs cheveux ni leurs vêtements ne furent atteints par le feu.

Quand ils eurent été ensevelis par les chrétiens, le tyran parla à la vierge en ces termes : « Ô, vierge généreuse, ménage ta jeunesse. Après la reine, tu tiendras le second rang dans mon palais. Ta statue sera élevée au milieu de la ville et tu seras adorée de tous comme une déesse. »

La vierge lui répondit : « Cesse de parler de choses qu’il est criminel même de penser. Je me suis livrée au Christ comme épouse. Il est ma gloire, il est mon amour, il est ma douceur et l’objet de ma tendresse. Ni les caresses ni les tourments ne pourront me faire renoncer à son amour. »

Furieux, l’empereur la fit dépouiller et fouetter avec des cordes garnies de fers tranchants (scorpions). Quand elle fut broyée, il ordonna de la traîner dans une prison obscure où elle devrait souffrir le supplice de la faim pendant douze jours.

Des affaires pressantes ayant appelé l’empereur hors du pays, l’impératrice qui s’était éprise d’une vive affection pour Catherine, vint en toute hâte la trouver en son cachot, au milieu de la nuit, avec le général des armées, nommé Porphyre. À son entrée, l’impératrice vit la prison resplendissante d’une clarté ineffable et des anges qui pansaient les plaies de la vierge. Catherine commença à lui vanter les joies éternelles. Quand elle l’eut convertie à la foi, elle lui prédit qu’elle obtiendrait la couronne du martyre. Elles prolongèrent ainsi leur entretien jusqu’à une heure avancée. Ayant entendu tout ce qu’elles avaient dit, Porphyre se jeta au pied de la vierge. Il reçut la foi de Jésus-Christ avec deux cents soldats.

Le tyran avait condamné Catherine à rester douze jours sans nourriture. Pendant ce laps de temps, Jésus-Christ envoya du ciel une colombe blanche qui la rassasiait d’un aliment céleste.

Ensuite, le Seigneur lui apparut accompagné d’une multitude d’anges et de vierges. Il lui dit : « Ma fille, reconnais ton créateur pour le nom duquel tu as subi une lutte laborieuse. Sois constante, car je suis avec toi. »

À son retour, l’empereur se la fit amener. La voyant en pleine santé, alors qu’il la pensait abattue par un si long jeûne, il crut que quelqu’un lui avait apporté des aliments dans le cachot. Furieux, il ordonna qu’on mît les gardiens à la torture.

Catherine dit : « Je n’ai pas reçu de nourriture de main d’homme, c’est Jésus-Christ qui m’a nourrie par le ministère d’un ange. »

L’empereur lui répondit : « Recueille dans ton cœur, je t’en prie, les conseils que je t’adresse et ne me réponds plus d’une manière ambiguë. Nous ne désirons pas te traiter en esclave, mais en reine puissante et belle qui triomphera dans mon empire. »

La vierge dit à son tour : « Fais attention, je t’en conjure, et décide après un mûr et sage examen quel est celui que je dois choisir de préférence, quelqu’un puissant, éternel, glorieux et beau, ou un autre infirme, mortel, ignoble et laid. »

Alors l’empereur indigné dit : « Choisis de deux choses l’une, ou de sacrifier et de vivre, ou bien de subir les tourments les plus cruels et de périr. »

Catherine reprit : « Quels que soient les tourments que tu puisses imaginer, hâte-toi, car je désire offrir ma chair et mon sang au Christ comme il s’est offert lui-même pour moi. Lui, c’est mon Dieu, mon amant, mon pasteur et mon unique époux. »

L’empereur était furieux. Un officier lui conseilla de faire préparer sous trois jours quatre roues garnies de scies à métaux et de clous très aigus pour que cette machine la broyât et que l’exemple d’une mort aussi cruelle effrayât le reste des chrétiens. On disposa deux roues qui devaient tourner dans un sens en même temps que deux autres roues seraient mises en mouvement dans un sens contraire. Ainsi celles de dessous devaient déchirer les chairs que les roues de dessus, placer contre les premières, auraient rejetées contre celles-ci.

La vierge pria le Seigneur en lui demandant de briser cette machine pour la gloire de son nom et pour la conversion du peuple qui se trouvait là. Aussitôt, un ange du Seigneur broya cette meule et en dispersa les morceaux avec tant de force que quatre mille Gentils en furent tués.

La reine, qui jusque-là s’était cachée regardait d’un lieu élevé. Elle descendit aussitôt et adressa de vifs reproches à l’empereur pour cette étrange cruauté. Comme l’impératrice refusait de sacrifier, l’empereur, furieux, la condamna à avoir les seins arrachés puis à être décapitée. Étant menée au martyre, elle demanda à Catherine de prier le Seigneur pour elle. Catherine répondit : « Ne crains rien, ô, reine chérie de Dieu, car aujourd’hui à la place d’un royaume qui passe, tu en recevras un autre qui sera éternel. À la place d’un époux mortel, tu en auras un immortel. »

Affermie, l’impératrice exhorta les bourreaux à ne pas différer de faire ce qui leur avait été commandé. Ils la conduisirent hors de la ville. Après lui avoir arraché les mamelles avec des fers de lance, ils lui coupèrent la tête. Porphyre put soustraire son corps et l’ensevelir.

Le lendemain, on cherchait le corps de l’impératrice. Ne le trouvant pas, le tyran donna l’ordre de traîner au supplice beaucoup de personnes. Tout à coup, Porphyre se présenta sur la place en s’écriant : « C’est moi qui ai enseveli la servante du Christ dont j’ai embrassé la foi. »

Égaré, Maxence s’écria en poussant un rugissement terrible : « Oh ! je suis le malheureux le plus à plaindre ! Voici qu’on a séduit Porphyre, l’unique appui de mon âme et ma consolation dans mes peines ! »

Comme il faisait part de cela à ses soldats, ils lui répondirent aussitôt : « Et nous aussi, nous sommes chrétiens et prêts à mourir. »

Enivré de fureur, le César ordonna qu’on leur coupât la tête en même temps qu’à Porphyre et qu’on jetât leurs corps aux chiens. Ensuite, il fit comparaître Catherine et lui dit : « Bien que tu aies fait mourir l’impératrice par art magique, si tu deviens impératrice tu seras la première dans mon palais. Aujourd’hui donc, ou tu offriras des sacrifices aux dieux, ou tu auras la tête coupée. »

Catherine lui répondit : « Fais tout ce que tu as résolu. Tu me verras prête à tout souffrir. »

Alors Maxime prononça son arrêt et la condamna à être décapitée. Quand elle fut sur le lieu du supplice, elle leva les yeux au ciel et fit cette prière : « Ô, vous qui êtes l’espérance et le salut des croyants, l’honneur et la gloire des vierges, ô Jésus, ô bon roi, je vous en conjure, que quiconque qui en mémoire de mon martyre, m’invoquera à son heure dernière ou en toute autre nécessité, vous trouve propice et obtienne ce qu’il demande ! »

Cette voix s’adressa alors à elle : « Viens, ma bien-aimée, mon épouse. Voici la porte du ciel qui t’est ouverte. À tous ceux qui célébreront la mémoire de ton martyre avec dévotion, je promets du ciel les secours qu’ils réclameront. »

Quand elle fut décapitée, il coula de son corps du lait au lieu de sang. Alors les anges prirent son corps et le transportèrent de cet endroit jusqu’au mont Sinaï éloigné de plus de vingt jours de marche et l’y ensevelirent avec honneur (2). De ses ossements coule sans cesse une huile qui a la vertu de guérir les membres de ceux qui sont débiles.

Elle souffrit sous le tyran Maxence ou Maximin qui commença à régner vers 310.

On dit qu’un moine de Rouen alla au mont Sinaï où il resta pendant sept ans au service de sainte Catherine. Comme il la suppliait de lui donner quelques parcelles de son corps, tout à coup un de ses doigts se détacha. Le moine reçut avec joie ce don de Dieu et l’apporta en son monastère.

Un homme avait une grande dévotion pour sainte Catherine qu’il invoquait fréquemment. Il se relâcha par la suite et perdit toute dévotion. Il cessa d’invoquer la martyre. Un jour qu’il était en prières, il vit passer devant lui une multitude de vierges dont l’une paraissait plus resplendissante que les autres. Quand elle approcha de lui, elle se couvrit le visage et passa ainsi. Comme il admirait son éclat et demandait qui elle était, l’une d’elles lui répondit : « C’est Catherine que tu aimais connaître autrefois. Aujourd’hui que tu parais ne plus t’en souvenir, elle est passée devant toi, la figure voilée, comme si elle était pour toi une inconnue. »

Il est bon de remarquer que sainte Catherine est admirable :

  • dans sa sagesse
  • dans son éloquence
  • dans sa constance
  • dans l’excellence de sa chasteté
  • dans le privilège de sa dignité.

Elle paraît admirable dans la science.

Car en elle se trouva réunir toute la philosophie.

La philosophie et la science comprennent la théorie, la pratique et la logique. D’après quelques auteurs, la science théorique se divise en trois parties : l’intellectuelle, la naturelle et la mathématique. Or, sainte Catherine posséda :

  • la science intellectuelle dans la connaissance des choses divines. Elle s’en servit avec avantage au cours de sa dispute avec les rhéteurs auxquels elle prouva qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que les autres sont tous de faux dieux,
  • la science naturelle dans la connaissance de tous les êtres inférieurs ; elle en usa à l’égard de l’empereur, ainsi qu’on l’a vu plus haut,
  • la science mathématique, par le mépris qu’elle fit des choses de la terre. D’après Boëce, cette science traite abstractivement des formes dégagées de la matière. Sainte Catherine la posséda, quand elle dépouilla son cœur de tout amour matériel. Elle prouva qu’elle l’avait en répondant ainsi aux interrogations de l’empereur : « Je suis Catherine, fille du roi Costus, bien que je sois née dans la pourpre… » Elle en fit principalement usage quand elle excita l’impératrice à se mépriser ainsi que le monde pour désirer le roi éternel.

La science pratique comprend une partie ethnique, une économique et une publique ou politique.

  • La première partie enseigne à former les mœurs, à s’orner des vertus et convient à tous.
  • La seconde apprend à bien gouverner sa famille, elle est du ressort des pères de famille.
  • La troisième enseigne à bien régir les villes, les peuples et la république. C’est la partie des gouverneurs des villes.

Sainte Catherine posséda encore cette triple science :

  • la première en composant ses mœurs en toute honnêteté
  • la seconde en gouvernant avec mérite sa famille qui était nombreuse
  • la troisième en donnant de sages avis à l’empereur.

La logique comprend une partie démonstrative, une probative et la sophistique.

  • La première appartient aux philosophes,
  • la seconde aux rhéteurs et aux dialecticiens,
  • la troisième aux sophistes.

On voit que sainte Catherine posséda aussi cette triple science, puisqu’on dit d’elle : « Elle discuta avec l’empereur, à l’aide de conclusions syllogistiques, une infinité de sujets qu’elle considéra au point de vue allégorique, métaphorique, dialectique et mystique. »

Elle fut admirable d’éloquence

Car elle eut de belles paroles dans ses prédications, comme on l’a vu ; elle s’exprima avec une grande clarté dans ses raisonnements, alors qu’elle disait à l’empereur : « Tu admires ce temple fabriqué par la main des ouvriers. »

Elle fut très habile à gagner ceux auxquels elle s’adressait. Ainsi, elle attira à la foi par la suavité de son élocution Porphyre et l’impératrice. Elle fut très puissante pour convaincre, par exemple, les rhéteurs qu’elle força à croire.

Elle fut admirable de constance

D’abord, malgré les menaces qu’on lui fit et qu’elle méprisa, puisqu’elle répondit à l’empereur : « Quels que soient les tourments que tu puisses t’imaginer, hâte-toi, car je désire offrir au Christ et ma chair et mon sang. » Et plus loin encore : « Fais tout ce que tu peux concevoir en ton esprit, tu me verras disposée à tout supporter. »

Ensuite, elle repoussa les biens qu’on lui offrit. C’est pour cela que l’empereur lui promettant le second rang dans le palais, elle répondit : « Cesse de dire de pareilles choses. C’est un crime même de les penser, etc. »

En troisième lieu, elle surmonta les tourments qu’on lui infligea : elle fut mise en prison et sur la roue.

Elle fut très constante dans la conservation de sa chasteté

Quoiqu’elle eût été exposée à des épreuves où la chasteté succombe d’ordinaire. Ces épreuves sont au nombre de cinq :

  • l’abondance qui amollit,
  • l’occasion qui entraîne,
  • la jeunesse qui aime folâtrer,
  • la liberté qui n’a pas de freins,
  • la beauté qui provoque.

Malgré tout cela, Catherine conserva la chasteté.

  • Car elle eut des richesses en abondance, puisqu’elle succéda à de très riches parents.
  • Elle avait des occasions puisque, maîtresse d’elle-même, elle passait tous ses instants au milieu de ses serviteurs.
  • Elle était jeune, elle jouissait de sa liberté puisqu’elle restait seule et libre dans un palais. C’est pour cela qu’il est dit d’elle ci-dessus : « Catherine, à l’âge de 18 ans, resta seule dans un palais rempli d’esclaves et de richesses. »
  • Elle était belle puisqu’on dit : « Elle était parfaitement bien faite et son incroyable beauté la rendait aimable et agréable à tous ceux qui la voyaient. »

Elle fut admirable dans le privilège de sa dignité.

Des saints furent honorés par des privilèges particuliers au moment de leur trépas, comme

  • la visite de Jésus-Christ pour saint Jean l’évangéliste,
  • l’huile qui émane de leurs ossements pour saint Nicolas,
  • le lait qui coule de leurs plaies pour saint Paul,
  • le tombeau disposé pour saint Clément,
  • les demandes exaucées pour sainte Marguerite, quand elle pria en faveur de ceux qui feraient mémoire d’elle.

Or, tous ces privilèges se trouvent réunis pour sainte Catherine comme on a pu le voir dans sa légende.

Un doute s’est fait jour chez quelques écrivains, celui de savoir si elle a été martyrisée par Maxence ou par Maximin. À cette époque, trois gouvernaient l’empire, à savoir :

  • Constantin qui succéda à son père
  • Maxence, fils de Maximien, nommé Auguste par les soldats prétoriens de Rome
  • Maximin qui fut césar en Orient.

D’après les chroniques, Maxence exerçait sa tyrannie contre les chrétiens à Rome et Maximin en Orient. D’autres auteurs pensent que c’est une faute de copiste si l’on a mis Maxence au lieu de Maximin.

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Notes

(1) Les arts libéraux rassemblent les disciplines intellectuelles fondamentales dont la connaissance depuis l’Antiquité hellénistique et romaine était réputée indispensable à l’acquisition de la haute culture. Ils étaient groupés en deux cycles :
  • le trivium, comprenant la grammaire, la rhétorique et la dialectique,
  • le quadrivium, groupant les quatre branches des mathématiques (arithmétique, géométrie, astronomie et musique).
Pour saint Augustin, la connaissance des arts libéraux était l’étape préalable à l’étude de la théologie fondée sur l’Écriture sainte, qu’il importait de comprendre et d’interpréter. Retour

(2) Falconius, archevêque de San-Sevêrino, parle ainsi de cette translation dans In commentariis ad Capponianas Tabulas Ruthenas, Romæ : « Il est dit que le corps de la Sainte fut porté par des anges sur le mont Sinaï. Ceci veut dire que les moines du Sinaï le portèrent dans leur monastère, pour l’enrichir de ce précieux trésor… On sait qu’on a souvent désigné l’habit monastique par un habit angélique, et qu’anciennement les moines étaient appelés anges, à cause de la sainteté de leurs fonctions toutes célestes. Retour