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La conversion de saint Paul



Dernière mise à jour
le 30/11/2023

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Fête25 janvier
La conversion de Saint Paul

Six ans après l’Ascension, l’Église reçoit du Christ une grâce particulière qui sera déterminante pour l’avenir.

Sur le chemin de Damas

Sur le chemin de Damas, le pharisien Saul de Tarse, qui avait obtenu des lettres de mission pour persécuter les sectateurs (partisans avoués de la doctrine) du charpentier de Nazareth, était animé d’une rage meurtrière contre les disciples du Seigneur. Il est jeté à bas de son cheval par un éblouissement de lumière. Jésus en personne se révéla à lui dans sa gloire et le choisit pour que, rempli de l’Esprit-Saint, il annonce parmi les nations l’Évangile du salut, en souffrant beaucoup pour le nom du Christ.

On ne saurait trop insister sur le caractère personnel de ce brusque face-à-face. Saul signale la soudaine irruption d’une lumière qui dépasse l’éclat du plein midi et qui l’enveloppe ainsi que son escorte. Un choc violent les renverse tous à terre, tandis qu’ils entendent le son d’une voix. Mais la lumière et le langage demeurent indistincts pour son entourage. Lui seul voit quelqu’un dans la gloire et perçoit nettement le message qui lui est exclusivement destiné. Celui qui interpelle si familièrement son adversaire montre qu’il a pénétré jusqu’à ses intentions les plus secrètes : c’est le Christ qu’il poursuit et qu’il atteint dans les chrétiens : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes. » (Ac, 9, 5)

La formulation de l’identité s’accompagne d’une invitation à la docilité : il est temps de mettre fin aux égarements d’une âme que vient stimuler l’aiguillon de la grâce. Saul n’hésitera pas à se livrer sur-le-champ en s’écriant : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? »

D’après le récit des Actes des Apôtres (Ac, 9), c’est alors qu’il se rendait de Jérusalem à Damas pour sévir contre les disciples de Jésus dans les synagogues de cette ville, que Saul, le persécuteur, a été subitement terrassé par une apparition du Christ, qui lui dit : « Je suis Jésus que tu persécutes. » (Ac, 9, 5)

Aveuglé par cette lumière céleste, il est alors conduit chez un disciple de Damas, Ananie, qui, malgré ses craintes, l’accueille et le baptise. Ce récit doit émaner de la communauté de Damas : elle cherchait à dire comment elle l’avait échappé belle grâce à l’intervention de dernière minute de son Seigneur, qui avait retourné le persécuteur en apôtre.

La doctrine de Paul

Toute la doctrine de saint Paul découlera de l’extraordinaire dialogue qui s’en suivit. L’Église et le Christ ne font qu’un et c’est ce corps mystique qui sera l’une des bases de l’ecclésiologie de saint Paul. C’est la résurrection qui s’affirme à lui comme une réalité incontournable. C’est un vivant qui lui parle et l’humanité du Christ s’établit dans la gloire de la divinité. L’Évangile s’impose avec une telle intensité qu’il en est aveuglé et terrassé jusqu’au moment où la lumière baptismale lui révélera le mystère.

Trois faits semblent avoir particulièrement impressionné l’âme de saint Paul au chemin de Damas : la vie du Christ dans la gloire, sa présence mystérieuse dans ses fidèles, et son retour anticipé. Le Christ est donc simultanément le personnage transcendant du ciel, de l’histoire et de l’apocalypse. Sous l’effet de la lumière intérieure qui l’éclaire soudain sur la portée des Écritures, Saul voit dans le Christ l’aboutissement de l’Ancien Testament et la réalisation des prophéties. Saul sait maintenant que les longues préparations sont terminées : l’humanité se trouve désormais engagée dans cette période qu’il désignera par « la plénitude des temps. »

Qui est Paul ?

Sur la route de Damas, à la tête d’une troupe de fanatiques, chemine un homme de trente ans, qu’on appelle alors Saul (plus exactement Shaoul). Juif de race, Grec de fréquentation, et politiquement Romain, il a bénéficié de trois cultures, il connaît le grec, l’araméen et l’hébreu. Il revendique une double citoyenneté, celle de Tarse et celle de Rome. À Tarse, sa ville natale, il n’a fréquenté que les écoles de grammaire, puis il est allé chercher à Jérusalem sa culture supérieure à l’école de Gamaliel. Moins tolérant que son maître il s’est vite mué en persécuteur des chrétiens. On le voit garder les vêtements de ceux qui lapident Étienne, ravager l’Église de Jérusalem et obtenir un mandat officiel pour engager des poursuites contre les chrétiens de Damas.

Saul n’est pas un incroyant qui découvre Dieu ni un pécheur qui veut se libérer de ses fautes, de ses négligences ou de son indifférence. S’il se convertit, c’est plus par un dépassement de sa foi première que par une répudiation de ses erreurs, qu’un retour à l’innocence perdue. Il croyait à la Loi et aux prophètes, il croyait que les promesses divines se réaliseraient et que le Messie viendrait. Dans sa conversion, il apprend et accepte, pour en faire la règle de sa vie, qu’avant il ne croyait pas en Jésus ! Il n’avait pas saisi que Jésus est le véritable accomplissement des prophéties, le propre Fils de Dieu, le Sauveur du monde, le ressuscité du matin de Pâques. Passer du judaïsme au christianisme n’était donc pas renier le passé religieux d’Israël, mais le retrouver transfiguré dans ses providentiels achèvements.

Tarse

Tarse (l’actuelle Tarsus en Turquie) est une ville de Cilicie plane. Située sur les rives du Cydnos, près d’un lac relié à la mer par un canal, Tarse fut, au deuxième millénaire, la capitale du royaume de Kizzuwatna ; dominée par les Hittites, puis annexée à l’empire assyrien au VIIIe siècle, elle fut ruinée par Sennachérib en 696 à la suite d’une révolte. Après la conquête d’Alexandre, Tarse fit partie de l’empire séleucide. On sait qu’elle se révolta, en même temps que Mallos, parce qu’Antiochus IV Épiphane en avait donné les revenus à sa concubine Antiochis (II Maccabées, 4, 30). À l’époque romaine, Tarse qui est la métropole de la province de Cilicie abritait une importante communauté juive. (Actes des Apôtres, 5, 34)

Gamaliel

Gamaliel était un pharisien très influent, « docteur de la Loi, respecté de tout le peuple » (Actes des Apôtres, 5, 34). Chef d’une école rabbinique, il fut le maître de saint Paul (Actes des Apôtres, 22, 3). Gamaliel était partisan de l’enseignement de Hillel qui représentait dans l’interprétation de la Loi le courant le plus libéral. Ainsi autorisait-il à épouser une femme sur l’avis de décès du mari rapporté par un seul témoin. Gamaliel était membre du Sanhédrin lors de l’arrestation des Apôtres (Actes des Apôtres, 5, 34), et c’est grâce à son intervention prudente et lucide qu’ils échappèrent à la condamnation capitale. Il mourut en 70.

Les récits

De ce grand événement, nous possédons trois récits inspirés :

  • Saint Paul rapporte lui-même les faits dans son discours apologétique aux Juifs de Jérusalem et dans son éloquente plaidoirie devant le roi Agrippa.
  • Saint Luc raconte cet épisode au début des Actes des Apôtres.

Quand saint Paul parle de sa conversion

Il en parle très sobrement. Il met surtout en valeur ce qui l’a précédé et ce qui l’a suivi.

Il ne dit pratiquement rien du processus lui-même. C’est tout juste s’il nous apprend indirectement que cela s’est passé à Damas (Ga, 1, 17). Mais il met en lumière ce que cette rencontre du Christ a changé dans sa vie. Il le voit encore plus nettement après des années de ministère apostolique.

Il y fait référence quand des contestations l’obligent à justifier sa qualité d’apôtre du Christ et sa manière de comprendre l’Évangile.

Il relit alors l’événement de sa vocation, à partir de ce qui s’est passé à ce moment-là, mais aussi à la lumière de l’histoire qu’elle a engendrée.

L’interroger à partir de ces quelques allusions, ce n’est pas une pure curiosité historienne : « dis-nous, Paul, ce qui t’est arrivé. » C’est une manière d’entrer dans sa théologie à partir de ce qu’il a vécu lui-même, sur le moment et par la suite.

Ces allusions se trouvent en quatre passages des épîtres 1 Co, IX, 1-2 ; 15, 9-11 ; Ga, I, 11-24 ; Ph, III, 2-16

L’avorton devenu apôtre

En deux passages (1 Co, 9 et 1 Co, 15), Paul attribue sa qualification d’apôtre du Christ au fait que lui aussi, même lui, a bénéficié d’une apparition pascale : « Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ? » (1 Co, 9, 1) ; « en tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi comme à l’avorton » (1 Co, 15, 9). Dans le second, il insiste sur la puissance de la grâce. Lui, le dernier de liste, l’indigne persécuteur, « l’avorton » non viable, mort-né, est devenu, par la grâce de Dieu, l’apôtre le plus efficace de tous. Paul parlera constamment de son ministère apostolique en termes de « grâce de Dieu » qui lui a été faite.

Cela s’enracine dans l’expérience fondatrice qui a été la sienne.

Celle-ci n’est sûrement pas étrangère à son insistance, plus tard, sur le fait que nous devenons justes aux yeux de Dieu sans l’avoir mérité, en vertu de sa seule grâce.

Un changement de regard

Nous allons maintenant nous arrêter aux deux autres passages où Paul relit l’événement de Damas : celui de l’épître aux Galates (1, 11-24) et celui de l’épître aux Philippiens (3, 2-16) qui méritent encore davantage de retenir notre attention. Ces deux textes s’expliquent par la controverse engagée avec ces judéo-chrétiens que nous appelons des « judaïsants » : des croyants de Jésus-Christ continuaient de donner une telle importance à la Loi juive comme institution de salut, qu’ils ne pensaient pas pouvoir dispenser les nouveaux croyants venus des nations de s’intégrer à la pratique du judaïsme.

Le Christ Jésus était encore pour eux au service de la Loi.

À leurs yeux, il n’était pas encore devenu, à lui seul, le centre et le cœur de tout le dessein de salut de Dieu. Pour Paul au contraire, désormais tout nous est donné en la personne du Christ. C’est lui, le don définitif de Dieu ; ouvrir tout son être au Christ par la foi est la seule manière pour tout homme de s’ajuster au dessein de Dieu. Dans l’épître aux Galates, Paul relit l’événement de Damas pour fonder sa manière d’annoncer l’Évangile parmi les Nations, c’est-à-dire sans inféodation à la Loi, au Judaïsme.

Dans l’épître aux Philippiens, il relit l’événement de Damas comme lieu de révélation de la vraie « justice » de la vraie sainteté, que Dieu attend de l’homme : la communion au Christ pascal, sans avoir à passer par la Loi.

Ces deux relectures sont liées.

Conversion ? Vocation ?

Le terme de « conversion » est ambigu dans notre langage actuel pour exprimer le changement dont Paul fait état.

Il ne s’est pas converti du péché à la sainteté, à la manière par exemple d’un Charles de Foucauld. Il ne s’est pas converti d’une fausse religion à la vraie : Paul n’a jamais eu conscience d’abandonner sa foi juive au moment où il adhérait au Christ Jésus, bien au contraire. Mais il a changé radicalement de regard sur la personne de Jésus : le Crucifié du Vendredi Saint n’était plus à ses yeux le maudit de Dieu, mais son Fils glorifié en raison de son obéissance à son amour. En ce sens, on peut parler de « conversion » de « retournement » complet.

En même temps il faut souligner que Paul exprime sa conscience d’avoir vécu cette « conversion » comme un « appel » à l’apostolat, au sens fort du terme  : la vocation d’être apôtre du Christ ressuscité pour annoncer l’Évangile et fonder des Églises.

Cité du Vatican, le 25 janvier 2009

Le Saint-Père a consacré l’angélus dominical à la conversion de Paul célébrée aujourd’hui, et à la semaine de prière pour l’unité des chrétiens qui se termine aussi. Commentant le récit de Marc, où le Christ invite à la conversion et à croire en l’Évangile, il a expliqué aux fidèles réunis place Saint-Pierre que, dans le cas de Paul, « certains préfèrent ne pas utiliser le terme conversion. Ils soutiennent qu’il était déjà croyant, et même un juif fervent. Parce qu’il n’est pas passé de l’absence de foi à la foi, des idoles à Dieu, et qu’il n’a pas dû abandonner la foi juive pour adhérer au Christ. En réalité, l’expérience de l’Apôtre peut servir de modèle pour chaque véritable conversion chrétienne. »

Il a poursuivi : « Saul s’est converti parce que, grâce à la lumière divine, il a cru en l’Évangile. C’est en cela que consistent sa conversion et la nôtre : croire en Jésus mort et ressuscité et s’ouvrir à l’éclairage de sa grâce divine. À ce moment, Saul a compris que son salut ne dépendait pas des bonnes œuvres accomplies selon la loi, mais du fait que Jésus était mort pour lui aussi, le persécuteur, et qu’il était et est ressuscité. Cette vérité qui, grâce au baptême, éclaire l’existence de chaque chrétien rejaillit complètement sur notre façon de vivre ».

Se confier à la puissance du pardon du Christ signifie « pouvoir sortir des sables mouvants de l’orgueil et du péché, du mensonge et de la tristesse, de l’égoïsme et de toute sécurité illusoire, pour connaître et vivre la richesse de son amour ». « Cette invitation à la conversion, avalisée par le témoignage de saint Paul, résonne aujourd’hui en conclusion de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, particulièrement importante aussi au plan œcuménique. L’apôtre nous indique l’attitude spirituelle adéquate pour progresser dans la voie de la communion. » Il écrit aux Philippiens : « Je n’en ai sûrement pas encore fait la moitié, je ne suis pas arrivé à la perfection, mais je m’efforce de courir pour l’atteindre parce que moi aussi j’ai été atteint par Jésus-Christ. » Le saint-Père a encore dit : « Certes, nous, chrétiens, nous n’avons pas encore atteint l’objectif de la pleine unité, mais en nous laissant continuellement convertir par le Seigneur Jésus, nous y arriverons sûrement. ».

En savoir plusÀ partir de la légende dorée rédigée en latin entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine, dominicain et archevêque de Gênes.

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